Une femme éthiopienne entourée de ses valises, le 24 juin dernier à Beyrouth. Une femme éthiopienne entourée de ses valises, le 24 juin dernier à Beyrouth. 

Réinsérer les 649 domestiques éthiopiennes rapatriées du Liban

250 000 immigrés sont employés comme domestiques au Liban, essentiellement des Ethiopiennes. En raison de la crise économique dans laquelle est plongé le pays, nombre d’entre eux se retrouvent à la rue, totalement démunis. Grâce à l’intervention de l’Ong italienne "Comunità Volontari per il Mondo", certaines ont pu rentrer chez elles. Il leur faut maintenant se réinsérer dans leur pays d’origine.

Davide Dionisi – Cité du Vatican

Conserver son emploi en cette période de pandémie est ardu. L’entreprise devient pour ainsi dire impossible lorsqu’on est une femme originaire d’un pays pauvre et que l’on travaille comme employée de maison dans un pays traversé par une profonde crise économique et des tensions sociales majeures aggravées par la pandémie. C’est ce qui arrive en ce moment aux domestiques éthiopiennes employées au Liban, selon le principe du «Kafala», un système de parrainage qui les laisse hors du droit libanais, à la merci de leurs employeurs.

 

En raison de la pandémie, ces jeunes femmes âgées de 20 à 30 ans, parfois mineures, ont été renvoyées sans paie. Certaines ont été abandonnées devant le consulat éthiopien à Beyrouth, obligées parfois de dormir sous des ponts, affamées, alors que le crime organisé aurait augmenté ses activités, profitant de la détresse des personnes face à la hausse des prix. La monnaie libanaise a perdu plus de 75% de sa valeur et les prix des biens de première nécessité ont connu une hausse de plus de 50% pour certains produits.

Dans ce contexte, les jeunes femmes éthiopiennes, la plupart du temps encore munies de leur passeport, souhaitent rentrer chez elles, même si elles sont conscientes que le retour ne sera pas toujours bien perçu par leurs familles. Celles-ci se sont en effet souvent endettées pour les envoyer travailler à l’étranger.

Opération de rapatriement

C’est à ces femmes que l’ong italienne Comunità Volontari per il Monde (CVM) soutenue par les Caritas Liban et Éthiopie a fourni son aide, dans le cadre du projet «Secure Women Migration Cycle» financé par l’Agence italienne pour la coopération et le développement. Le dicastère pour le Service du Développement humain intégral s’en fait l’écho dans son dernier bulletin.

«C’est le gouvernement éthiopien qui nous a demandé de coordonner le retour de 649 employées de maison, qui ont quitté le Liban à bord de vol spécialement affrétés», explique Attilio Ascani, coordinateur des activités de CVM. Elles sont arrivées en Éthiopie alors que les autorités venaient de décréter l’état d’urgence, une première depuis le début du mandat du Premier ministre Abiy Ahmed, en avril 2018.

À Addis Abeba, les anciennes domestiques ont été placées en quarantaine. Des volontaires leur ont distribué des “sacs de la dignité” contenant des biens de première nécessité, de quoi se protéger de la Covid-19 et 3 000 Birr, l’équivalent de 90 euros.

Se construire un avenir en Éthiopie

Il faut désormais veiller à la réinsertion de ces femmes dans leur communauté d’origine. «Ce que nous devons faire maintenant, c'est les recontacter une par une, pour essayer de leur offrir une perspective pour demain, car sinon elles reviendront à leur situation initiale. Nous devons les aider à trouver les instruments de micro-crédit et de soutien économique prévu par les autorités locales afin qu'elles puissent se construire un avenir dans leur pays», affirme Attilio Ascani. Le CVM leur offre aussi la possibilité d’accéder à une formation pour améliorer leurs compétences qu’elles puissent réintégrer le marché du travail, «en demandant un salaire équitable et la reconnaissance de leur dignité».

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13 juillet 2020, 15:53