Manifestation contre la guerre anti-drogue du président - 5 novembre 2017 Manifestation contre la guerre anti-drogue du président - 5 novembre 2017 

Philippines: les Églises s’alarment de la situation des Droits de l’Homme

Entre la guerre sans merci contre la drogue que le président Dutere mène tambour battant depuis son élection, la censure toujours plus forte exercée à l‘encontre des médias et des opposants, et la nouvelle loi antiterroriste qui doit encore être signée, la situation des Droits de l’Homme se détériore sensiblement dans l’archipel. Les Églises chrétiennes philippines, rejointes par le Conseil œcuménique des Églises (COE), s’en inquiètent.

Depuis longtemps déjà, la situation retient l'attention des ONG et de la communauté internationale; les cas de violations des Droits de l’Homme, qui vont croissant dans l’archipel, ont également suscité la réprobation de l’Église catholique. À de nombreuses reprises, celle-ci s’est élevée contre la violente guerre entreprise par le président contre les trafiquants de drogue, dénonçant avec fermeté les nombreuses exécutions extrajudiciaires auxquelles elle a donné lieu (plus de 27 000 victimes, selon un décompte effectué par plusieurs ONG) ; ces critiques lui ont attiré les foudres de Rodrigo Duterte.

Un système d'assassinats

À toutes ces voix s’adjoint désormais celles d’autres Églises chrétiennes, qui ont à leur tour,lancé un vigoureux appel au gouvernement de Manille lors de la 44e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies qui s'est ouverte hier à Genève. Le Conseil national des Églises, le Conseil œcuménique des Églises (COE) et l'Église méthodiste unie l'ont signé, de concert avec la Coalition pour les droits de l'homme aux Philippines.

Cette déclaration salue le rapport préparé par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme sur la situation aux Philippines et qui sera examiné au cours de la présente session. Cette enquête, également soutenue par les évêques philippins, confirme que la campagne sanglante contre le trafic de drogue a mis en place d’un système d’assassinats, doublé d’une totale impunité pour leurs auteurs.

Médias censurés, organisations ciblées

La déclaration des Églises déplore également la forte censure et l'intimidation pratiquées à l’encontre des journalistes du pays, et en donne plusieurs exemple : l’arrestation, en mai dernier, de Frenchiemae Cumpio pour fabrication d'armes, la fermeture en mai de la chaîne ABS-CBN, le plus grand réseau de télévision des Philippines, et la récente condamnation pour diffamation de Maria Ressa, responsable du site d'information "Rappler". Tous ayant comme point commun d’avoir adopté une attitude critique envers les autorités.

Et ils ne sont pas les seuls à se trouver dans le viseur du gouvernement, pointe la déclaration, citant le cas d’ONG et d’organisations religieuses, dont plusieurs représentants sont accusés par la police de soutenir des activités terroristes, voire de s’y adonner. Certains leaders sociaux sont également victimes d'assassinats extrajudiciaires, comme Carlito Badion, secrétaire général de l'Association nationale des pauvres des zones urbaines, tué le 28 mai dernier.

Exigence de justice

Et pour parachever ce sombre tableau, les Églises mentionnent la nouvelle loi antiterroriste récemment votée par le Parlement; voulue par le président Duterte, le texte octroie de considérables pouvoirs à la police, au détriment de la liberté des citoyens et de l’autorité judiciaire.

Les Églises chrétiennes demandent donc que justice soit faite pour les victimes d’exécutions extra-judiciaires, que des enquêtes soient ouvertes et menées en toute impartialité pour établir les responsabilités et faire que les coupables rendent compte de leurs crimes.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

02 juillet 2020, 12:59