Une manifestation contre le gouvernement irakien, dans la ville de Nasiriyah, le 10 mai 2010. Une manifestation contre le gouvernement irakien, dans la ville de Nasiriyah, le 10 mai 2010.  

Le nouveau gouvernement irakien face à d’immenses défis

Le 6 mai au soir, les députés irakiens ont approuvé le gouvernement de Moustafa al-Kazimi après plusieurs mois de crise politique. Le Premier ministre, ancien chef du renseignement, est parvenu à créer un consensus autour de lui mais les problèmes qu’il doit résoudre sont immenses.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

Un premier pas a été franchi la semaine dernière avec l’approbation par les députés de l’équipe gouvernementale présentée par le Premier ministre Moustafa al-Kazimi. Depuis décembre et la démission d’Adel Abdel Mahdi , l’Irak n’avait plus officiellement de gouvernement. Il y avait donc urgence à trouver un nouvel exécutif pour affronter les problèmes profonds et plus récents que le pays doit résoudre pour éviter une nouvelle fronde sociale comme celle qu’il a connu à l’automne dernier.

Moustafa al Kazimi, 53 ans, a notamment dirigé le renseignement à partir de 2016. Son parcours lui a permis de tisser des liens avec de nombreux acteurs étrangers présents et influents en Irak comme les Américains et les Iraniens, mais aussi avec les différents groupes ou communautés irakiennes, notamment kurdes. C’est ce qui explique en partie sa nomination au poste de Premier ministre et surtout sa réussite dans la constitution d’un gouvernement, même incomplet, puisque les postes des Affaires étrangères et du Pétrole sont encore à pourvoir.

Covid-19, Daech, pétrole 

Parmi les dossiers les plus urgents, figure la sécurité : l’organisation de l’État islamique, qu’il a combattue quand il était à la tête du renseignement, n’est pas morte et a repris ses opérations, faisant peser une nouvelle menace sur la stabilité du pays. Moustafa al Kazimi doit aussi affronter l’épidémie de Covid-19 alors que le système sanitaire est aux abois et dans l’incapacité de répondre à une vague de contamination de grande ampleur.

À l’origine de la colère des Irakiens des derniers mois, la situation économique et l’absence de réponse de l’État à des problèmes très concrets comme la fourniture en électricité. La pandémie, en provoquant un effondrement des prix du baril de pétrole, principale source de revenus de l’Irak, n’a fait qu’aggraver la situation. Remettre de l’ordre dans les finances, réformer l’État, relancer les services publics et répondre aux inquiétudes de la population sans ressources financières s’apparente donc, dans ce contexte, à une gageure.

Moustafa al Kazimi peut toutefois compter sur une volonté commune des deux principaux alliés de l’Irak, l’Iran et les États-Unis, de stabiliser le pays et de l’aider à se relever pour mener à bien sa mission. Adel Bakawan, chercheur associé à l’IFRI, l’Institut français des Relations internationales), directeur du centre de sociologie de l’Irak et membre de l’IREMMO (Institut de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient) revient sur les raisons du premier succès de Moustafa al Kazimi et sur tous les défis qu’il doit relever.

Entretien avec Adel Bakawan

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11 mai 2020, 07:18