Des Houthis armés, dans un marché à Sanaa, au Yémen, le 2 avril 2020. Des Houthis armés, dans un marché à Sanaa, au Yémen, le 2 avril 2020.  

Le coronavirus arrive dans un Yémen sans trêve

Un premier cas de coronavirus a été annoncé vendredi 10 avril par les autorités yéménites, qui ont annoncé des mesures pour éviter la propagation, tandis que la guerre continue entre la coalition internationale qui soutient le gouvernement et les rebelles houthis, ces derniers ayant refusé la trêve proposée par l’Arabie Saoudite.

Marine Henriot, avec agences - Cité du Vatican 

Pour les insurgés houthis, qui affrontent le gouvernement depuis mars 2015, le cessez-le-feu unilatéral proposé par les Saoudiens qui mènent la coalition internationale est simplement une «manoeuvre politique et médiatique». Les rebelles ont donc rejeté la main tendue de Ryad, et accusent la coalition de mener «des dizaines de frappes aériennes», aprés avoir annoncé sa trêve, jeudi 9 avril. Un cessez-le-feu accompagné d’un espoir, pour permettre de lutter contre la maladie de covid-19. 

Vendredi 10 avril, un premier cas de contamination au nouveau coronavirus a été depisté dans la province de Hadramout (sud), contrôlée par le gouvernement. La personne contaminée reçoit des soins médicaux et son état est stable, a précisé le comité d’urgence nationale Covid-19, dirigé par le gouvernement du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale. Les équipes médicales ont pris toutes les précautions nécessaires pour éviter une éventuelle contamination, a ajouté le comité. 

Virus plus fort que la guerre ? 

L'annonce de cette trêve a fait suite à une escalade des combats au Yémen, malgré l'appel de l'ONU à une cessation immédiate des combats pour protéger de la pandémie les civils du pays le plus pauvre du monde arabe. Le 23 mars, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres avait appelé «à un cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde» afin de préserver, face à la «furie» du Covid-19, les civils les plus vulnérables dans les pays en conflit.

L'envoyé spécial de l'ONU, Martin Griffiths, a lui-même appelé récemment les belligérants à «cesser immédiatement toutes les hostilités» face à l'«urgence absolue» du nouveau coronavirus.

Mais le rejet de ce cessez-le-feu par les Houthis douche les faibles espoirs de trêve. 

Des conséquences désastreuses redoutées

De nombreuses organisations humanitaires ont averti de la dangerosité de ce virus dans un Yémen exsangue. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils, selon des organisations humanitaires, et provoqué la pire crise humanitaire au monde avec 24 millions de Yéménites dépendant de l'aide humanitaire, d'après l'ONU.

Ce vendredi, 59 ONG, dont Oxfam et Médecins sans frontières, ont salué avec «prudence» dans un communiqué commun le cessez-le-feu de la coalition internationale. Mais il «ne peut à lui seul arrêter la propagation du Covid-19 au Yémen», ont-elles souligné.

Avant l'annonce du premier cas de contamination, la coordinatrice humanitaire de l'ONU au Yémen, Lise Grande, avait indiqué que l'aide mensuelle fournie par le Programme alimentaire mondial (PAM) à plus de 12 millions de personnes vivant dans des zones à 80% sous contrôle des Houthis, pourrait désormais être octroyée plus rarement. En effet, des donateurs ont décidé de suspendre leurs contributions, estimant que l'aide était bloquée par les Houthis, a-t-elle expliqué à la BBC.

Une décision qui survient au «pire moment, étant donnée la menace de (la maladie) Covid-19», a-t-elle regretté.

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10 avril 2020, 14:47