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Le camp de Kutupalong à Ukhia dans le disctrict de Cox's Bazar au Bangladesh. Le camp de Kutupalong à Ukhia dans le disctrict de Cox's Bazar au Bangladesh. 

Covid-19 : les Rohingyas craignent pour leurs vies

Pour empêcher la propagation du virus, les autorités du Bangladesh ont renforcé la sécurité dans le district de Cox’ Bazar où vivent près d’un million de réfugiés de la minorité musulmane. Sur place, la situation humanitaire est déjà précaire. Des dizaines de Rohingyas tentent encore de fuir vers la Thaïlande ou la Malaisie, au risque de perdre la vie

Marie Duhamel avec AFP - Cité du Vatican

Un confinement total a été mis en place jeudi 9 avril dans le district de Cox’s Bazar, au sud-est du Bangladesh, où se trouve le plus grand camp de réfugiés au monde. Aucun cas de contamination n’y a été détecté, mais un malade été enregistré à une quarantaine de kilomètres de là. Le pays compte actuellement plus de 200 personnes infectées dont au moins 20 décès.

La police et l’armée ont installé des barrages sur les principales routes de la région de 3,4 millions d’habitants. Des patrouilles circulent aussi à l’intérieur des 34 camps de réfugiés que compte la zone depuis 2017 et où s’entassent plus de 900 000 réfugiés dans des cabanes de bâches et de bambou, avec peu ou pas de moyens sanitaires. Dans un entretien accordé à Vatican News, l’ong Action contre la faim décrit des conditions de vie très difficiles. «On estime que chaque kilomètre carré est occupé par 40 000 personnes», affirme Simone Garroni, le directeur général de l’association. Parmi elles, des milliers d’enfants qui souffre à 40% de malnutrition chronique.

Des camps bouclés

«Tant que la situation ne s’améliorera pas, personne n’entre et personne ne sort» de ces camps, indique une directive officielle. Et si la distribution de vivres et les services médicaux continuent à fonctionner, aucune personne n’ayant effectué un voyage récent ne peut assurer ce service sans période de quarantaine préalable. Le commissaire bangladais aux réfugiés, Mahbub Alam Talukder, a par ailleurs averti que les travailleurs humanitaires sont «interdits d’entrer sauf si c’est absolument nécessaire». La présence des agences humanitaires auraient réduit leur main d’œuvre travaillant auprès de Rohingyas de 80%.

Action contre la faim explique chercher à amplifier ses opérations sur place. Autour des camps, une «ceinture de protection» a été mise en place par l’ONG en coordination avec les autorités pour, par exemple, désinfecter les routes. Dans les camps manquent le savon et l’eau, mais l’association veut sensibiliser aux problèmes d’hygiène et a renforcé les capacités de 289 points d’eau.  Ces dernières années, elle a installé 4 388 toilettes et distribué 90 000 kits d’hygiène.

Fuite et errance en mer

Selon Simone Garroni, le directeur général d’Action contre la faim, les camps sont par ailleurs de plus en plus peuplés. Les Rohingyas musulmans continuent à fuir la Birmanie bouddhiste, deux ans après la répression brutale des militaires à leur encontre.

Ce vendredi, la Malaisie a repoussé un bateau transportant quelques 200 Rohingyas par crainte qu’ils ne soient porteurs du nouveau coronavirus. La marine a donné de l’eau et de la nourriture aux passagers affamés avant de leur intimer l’ordre de quitter les eaux territoriales pour rependre le large. Les associations de défense des droits de l’homme craignent qu’un grand nombre de réfugiés ne soient ainsi bloqués en mer.

Cette semaine, le Bangladesh a porté secours à 382 migrants à bord d’un chalutier venant principalement de l’État Rakhine en Birmanie mais également du Bangladesh. Parmi eux 250 femmes et enfants émaciés. Selon des témoignages, une soixantaine de passagers sont morts à bord en raison de la faim et de la chaleur. Leurs cadavres ont été jetés par-dessus bord. L’embarcation a été secourue après deux mois en mer, elle avait été refoulée à plusieurs reprises par la Malaisie et la Thaïlande.

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18 avril 2020, 15:22