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L’Unicef alerte contre l’exposition accrue des enfants aux dangers du web avec le confinement

Selon l'Unicef et ses partenaires, des millions d'enfants sont actuellement exposés au cyber-harcèlement et à l’exploitation sexuelle en ligne, étant donné que le confinement les amène souvent à passer davantage de temps sur Internet. L'organisation onusienne a publié une fiche de bonnes pratiques.

Sur Internet, la pandémie de Covid-19 fait aussi des dégâts, réels ou potentiels, et tout aussi dramatiques bien qu’indirectement liés au virus. «Plus de 1,5 milliard d'enfants et de jeunes ont été touchés par la fermeture des écoles dans le monde. Beaucoup de ces étudiants assistent à des cours et se rencontrent davantage en ligne. Passer plus de temps sur les plateformes numériques peut les rendre vulnérables à l'exploitation sexuelle en ligne et au grooming [sollicitation de mineurs en vue d’abus sexuels, ndlr], tandis que les prédateurs du web tentent d'exploiter la pandémie de Covid-19», a ainsi expliqué Francesco Samengo, président de l’Unicef en Italie. «Le manque de contact physique avec les amis et les camarades de classe peut entraîner une prise de risque accrue, par exemple en envoyant des images sexuelles, tandis que le temps passé en ligne, de plus en plus incontrôlé, peut exposer les enfants à des contenus potentiellement dangereux et violents et à un risque accru de cyberintimidation», a-t-il ajouté.

Un guide de bonnes pratiques pour protéger les mineurs

Un danger contre lequel a aussi mis en garde Henrietta Fore, directrice générale de l’Unicef: «dans l'ombre du Covid-19, la vie de millions d'enfants est temporairement réduite à la maison, et devant les écrans. Nous devons les aider à naviguer dans cette nouvelle réalité», a-t-elle estimé. «Nous appelons les gouvernements et l'industrie à unir leurs forces pour assurer la sécurité des enfants et des jeunes en ligne grâce à des dispositifs de sécurité renforcés et à de nouveaux outils pour aider les parents et les formateurs à apprendre à leurs enfants à utiliser internet en toute sécurité», a-t-elle aussi demandé.

L'Unicef et ses partenaires membres du Partenariat mondial pour mettre fin à la violence contre les enfants, ont ainsi publié une nouvelle note technique pour appeler les gouvernements, les industries des technologies de l'information et des télécommunications, les enseignants et les parents à rester vigilants, à mettre en œuvre différentes mesures pour limiter les risques potentiels et à veiller à ce que les expériences en ligne des enfants soient les plus sûres et constructives possibles pendant le temps du confinement.

Parmi ces recommandations figure par exemple le fait de «développer les initiatives de sensibilisation et de formation sur la sécurité des enfants en ligne et s'assurer que les prestataires de services sociaux, les écoles, les parents et les enfants connaissent les mécanismes de signalement locaux et disposent de numéros d'assistance et de soutien locaux» ; ou encore «veiller à ce que les appareils des enfants soient équipés de logiciels et de programmes antivirus à jour; dialoguer ouvertement avec les enfants sur la manière dont ils communiquent en ligne et avec qui; travailler avec les enfants pour établir des règles sur la manière, le moment et le lieu où l'internet peut être utilisé; être attentif aux signes de stress chez les enfants qui peuvent apparaître en rapport avec leurs activités en ligne».

En novembre dernier, l’appel du Saint-Père aux entreprises du numérique

Cette préoccupation de l’organisation onusienne face au cyberharcèlement et à la pédocriminalité en ligne rejoint celle du Saint-Siège, mobilisé depuis plusieurs années pour lutter contre ce fléau.

Ainsi, en novembre dernier, une rencontre internationale avait lieu au Vatican sur le thème “Promouvoir la dignité numérique de l’enfant – Du concept à l’action”, organisée par l’Académie pontificale des Sciences sociales, la “Child Dignity Alliance” et l’“Interfaith Alliance for Safer Communities”. Environ 80 personnalités participaient, parmi lesquelles des responsables politiques et religieux, des magistrats, et des représentants d’organisations internationales et d’ONG, mais aussi d’entreprises technologiques comme Microsoft, Apple, Amazon et Facebook. Une déclaration commune a permis l’adoption d’initiatives concrètes. Les participants avaient également été reçus en audience par le Pape François, lequel avait développé une longue et ferme réflexion sur la responsabilité des acteurs du numérique dans la lutte contre les abus sexuels sur mineurs.

Le Saint-Père avait ainsi reconnu que le développement du numérique offrait «de nouvelles opportunités pour les mineurs, pour leur éducation et leur formation personnelle». Mais il faut veiller à ce que leur croissance soit «saine et sereine», «sans qu’ils soient objets de violences criminelles inacceptables ou d’influences gravement nocives pour l’intégrité de leur corps ou de leur esprit», avait-il mis en garde.

S’élevant contre les réseaux d’abus sur mineurs et l’accès aux images pornographiques, le Pape avait lancé un «appel pressant» aux grandes compagnies du secteur numérique, pour qu’elles agissent avec clarté et dans la conscience de leur devoir d’orienter le développement technologique vers le bien de la société. En saluant tous les leaders religieux présents, François avait enfin estimé que «la cause de la protection des mineurs dans le monde numérique, c’est-à-dire dans notre monde d’aujourd’hui et demain, doit nous voir unis, comme témoins de l’amour de Dieu pour les plus petits et sans défense». «Regardons-les dans les yeux: ce sont vos filles et vos fils, nous devons les aimer comme des chefs d’œuvre et des enfants de Dieu», avait conclu le Pape avec gravité.

 

 

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15 avril 2020, 12:03