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Un incendie provoqué par la mutinerie à la prison romaine "Regina Coeli", le 9 mars 2020. Un incendie provoqué par la mutinerie à la prison romaine "Regina Coeli", le 9 mars 2020. 

Les mutineries de prison se multiplient en Italie

Des soulèvements ont été signalés dans près d’une trentaine de prisons italiennes, en raison de la frustration des détenus, privés de visites dans le cadre des mesures prises afin de lutter contre l’épidémie de coronavirus.

L’Italie, déjà confrontée à une crise sanitaire d’une gravité sans précédent avec l’épidémie de coronavirus qui a contaminé plus de 7300 personnes dont plus de 360 sont décédées, fait aussi face à une crise majeure concernant ses prisons. Des troubles ont été signalés dans près de 30 établissements pénitentiaires. Les mutineries ont débuté dimanche à la suite des mesures prises par le gouvernement visant à empêcher le virus de pénétrer dans le système carcéral et qui prévoit notamment la suspension des visites de proches et des permissions de sortie.

Ces mouvements d'insurrection ont concerné notamment des prisons de Bergame et de Modène, villes du Nord situées dans la zone de confinement instaurée par le gouvernement, mais aussi Naples, Salerne ou Bari, dans le sud de la péninsule.

Au moins trois détenus sont morts pendant ou après les affrontements à la prison Sant'Anna de Modène, selon le groupe de défense des droits des prisonniers Antigone, tandis que le quotidien La Repubblica a fait état de six décès, citant des sources policières. Certains de ces décès recensés dans cette prison pourraient toutefois être liés à des consommations de drogue, et non pas directement à ces mutineries.

Selon l'agence Ansa, deux détenus sont morts après avoir été transférés de la prison de Modène vers d'autres établissements pénitentiaires. Les médias italiens rapportaient encore de fortes tensions lundi à l'intérieur de l'établissement où le personnel craint aussi des affrontements entre les prisonniers eux-mêmes, dont certains ne sont pas d'accord avec la protestation.

Tout comme en France, les prisons italiennes souffrent de surpopulation, avec plus de 61 000 détenus pour 51 000 places.

Le service des aumôniers de prison exprime sa proximité

Dans ce contexte tendu, le père Raffaele Grimaldi, inspecteur général des aumôniers de prison, a envoyé une lettre à tous les directeurs et prêtres qui servent en prison. «En ce moment particulier où des événements critiques se déroulent dans divers pénitenciers de notre pays, déterminés par les mesures prises pour contenir et combattre la propagation du COVID-19, je voudrais exprimer ma proximité à vous tous, police pénitentiaire, directions de prison, aumôniers et opérateurs, qui êtes en première ligne pour faire face à cette crise avec courage», écrit le prêtre italien dans ce texte relayé par l’agence Sir.

«Les critiques en cours, si elles ne sont pas traitées par des choix ciblés, risquent de faire de nos prisons des poudrières de colère et de violence», a averti le père Grimaldi, qui espère que «le Seigneur peut éclairer et guider ceux qui ont la responsabilité d'offrir des réponses urgentes, sans être otages de brimades et de chantage, afin que la tranquillité et le dialogue puissent être rétablis pour un travail pacifique pour tous».

Dans l'intervalle, une réflexion a été menée pour inclure dans le nouveau décret-loi du gouvernement, dans la partie relative à la gestion des prisons, l'ouverture à des mesures concernant l'augmentation de la durée des appels téléphoniques et l'incitation à adopter des mesures alternatives et la détention à domicile. En outre, pour les entretiens, il a été recommandé d'augmenter l'utilisation du logiciel Skype afin de maintenir des relations constantes avec les membres de la famille. 

(avec AFP et Sir)

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09 mars 2020, 18:09