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Photo d'illustration. Photo d'illustration.  

À Bergame, dans un hôpital débordé, la solidarité dans l'urgence

Depuis deux semaines, des heures de travail exténuantes s’enchaînent à l'hôpital Gavazzeni de Bergame. Cette ville de Lombardie est l’une des plus touchées par l’épidémie de coronavirus qui frappe de plein fouet l’Italie. La situation est dramatique, d’autant plus que le personnel soignant contracte désormais le virus. Celui-ci s’est propagé si rapidement qu'il a fallu, en peu de temps, réorganiser l'ensemble de l'hôpital en un grand service d'infectiologie. Le directeur sanitaire de l’établissement, le docteur Massimo Castoldi, témoigne du dévouement des médecins et des infirmières, et des gestes de solidarité en provenance de l’extérieur.

Entretien réalisé par Emanuela Campanile - Cité du Vatican

Nous étions dans un hôpital dans lequel 210 lits environ étaient en moyenne occupés. Soudainement, vers le 20 février, nous avons commencé à transformer, un par un, huit services. De ces huit services, sept sont désormais devenus des services dédiés au coronavirus, pour un nombre de total de lits qui s’élève maintenant à 280. Quant à moi j’en utilise environ 260.  

Comment vivez-vous au quotidien cette perpétuelle urgence?

Aujourd’hui encore, l’hôpital est en état de saturation complète; nous parvenons à faire rentrer quelques patients chez eux, mais il y en a tant aux urgences, vers lequelles ils se pressent pour pouvoir entrer. C’est disons un équilibre très précaire qui risque quotidiennement de se rompre. La nécessité la plus importante qui se présente à nous maintenant, concerne les patients en soins intensifs. 

Combien d’heures par jour travaillez-vous, selon quelles rotations?

De 8h00 du matin à 21 heures. Le problème, c’est que maintenant ces tours sont en train d'exploser; les médecins, les infirmières justement doivent travailler plus. Pourquoi? Parce qu’il commence à y avoir les premiers cas de maladie du personnel soignant. 

Les infirmières, les médecins tombent malades?

Oui, nous avons tout de suite autorisé tous les dispositifs, les indications de l’OMS, les outils pour organiser le travail, tout. Mais il est évident que dans un hôpital qui est «tout Covid», les voies de contamination deviennent très difficiles à circonscrire. 

On sait que même de simples citoyens cherchent à apporter leur propre contribution…

Oui, et petit à petit ces aides ont augmenté. Nous avons mis sur le site de la «Fondazione Umana», notre fondation, un onglet «donnez maintenant pour l’urgence Covid ». Pourquoi ? Parce que nous nous sommes aperçu que les gens veulent participer, même en faisant un don. Mais nous avons aussi des habitants qui apportent des pizzas pour les infirmiers, ou d'autres qui nous apportent des masques, parce qu’ils se sentent proches de ceux qui sont sur le front, et cela nous fait vraiment plaisir.

Il y a ensuite une initiative que nous menons, avec l’Église de Bergame, la Caritas de Bergame et la Confédération générale de l'industrie locale: un hôtel pour les personnes qui, une fois les soins terminés, devaient retourner chez elles en isolement. Or toutes les maisons ne sont pas faites pour accueillir quelqu’un qui doit rester isolé. Nous disposons ainsi de cet hôtel qui est financé par la contribution de ce comité, qui s’appelle «habiter les soins», justement pour permettre à celui qui ne peut pas rentrer chez lui d’avoir un lieu où rester tranquille sans devoir peser sur des équilibres familiaux et domestiques précaires. 

Quelques jeunes médecins en cours de spécialisation sont en train d'arriver de l’université et nous leur avons trouvé un logement dans les environs. Grâce aux recherches du diocèse de Bergame, ils ont mis à disposition une cinquantaine d’appartements, de maisons. Oui, il y a aussi ce type de solidarité qui a fonctionné et qui continue de fonctionner. 

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20 mars 2020, 09:11