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Le glacier Collins, le  25 février 2020 Le glacier Collins, le 25 février 2020 

Des températures records en Antarctique

Au début du mois de février, plus de 20 degrés ont été enregistrés à l’ouest de l’Antarctique, un immense continent de glace entouré d’océans au sud du globe. Faut-il s’en inquiéter ? Réponse du chercheur Nicolas Jourdain de l'Institut des géosciences de l'environnement de Grenoble.

Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican

On le surnomme le «continent blanc». Situé autour du pôle Sud, l’Antarctique a une superficie de 14 millions de kilomètres carrés. Sa surface est à 98% recouverte de glaces, d’une épaisseur moyenne de 1,6 km.

L’exploitation des ressources minérales, comme d’ailleurs les activités militaires, y sont interdites. Seules quelques stations scientifiques y sont basées. C’est l’une d’elles qui a averti le monde début février : le continent le plus froid, le plus sec et le plus venteux au monde connaissait des pics de chaleur inédits.

Le thermomètre affichait 18,3 degrés le 7 février dernier, selon les scientifiques de la base argentine Esperanza. Non loin de là, sur l’île Seymour, au bout de la péninsule ouest-antarctique, un chercheur brésilien relevait 20,75 degrés Celsius, le 9 février.

Une vague de chaleur

«Une vague de chaleur est arrivée des plus basses latitudes du Pacifique et a rejoint l’Antarctique de l’ouest», explique Nicolas Jourdain, chargé de recherche CNRS à l'Institut des géosciences de l'environnement de Grenoble. Sur place, les températures sont variables selon les jours ou les années, poursuit-il, et «ce n’est pas avec un record de chaleur que l’on peut savoir s’il s’agit du réchauffement climatique». Il juge néanmoins probable que ce genre de record se reproduise à l’avenir.

Le chercheur précise néanmoins que sur la plupart du continent, les températures sont dans le rouge. Dans certains endroits, le baromètre est stable à moins 20 degrés en moyenne. «Pour l’instant, il y a beaucoup plus de précipitations de neige que de fonte» même en Antarctique de l’ouest et sur la péninsule, explique Nicolas Jourdain. Ce phénomène de fonte y existe néanmoins, en raison de ces vagues de chaleur ou pendant l’été, et ce n’est pas sans conséquence. 

«De la neige s’accumule sur les montagnes, ce qui forme des glaciers. En raison de leurs propres poids, ils vont s’écouler sur l’océan où les glaciers continuent de flotter pendant des dizaines voire des centaines kilomètres, avant de se casser et de former des icebergs», décrit le chercheur. Cela joue un rôle fondamental sur la dynamique de la calotte : un phénomène d’arc boutant, comme une clé de voûte dans une cathédrale. Si cette partie casse, cela libère le flux de glace en amont et apporte une contribution importante au niveau des mers, ce qui a également un impact sur la salinité de l’eau ou sur la faune. Des manchots sont parfois obligés de faire de grands détours qui ne sont pas sans risque, semble-t-il, pour leur vie.

Entretien avec Nicolas Jourdain, du CNRS

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29 février 2020, 17:56