Manifestation devant le siège de la Haute Cour du Karnataka à Bangalore, le 9 janvier 2020. Manifestation devant le siège de la Haute Cour du Karnataka à Bangalore, le 9 janvier 2020. 

Inde: les responsables chrétiens critiquent la loi sur l'accès à la citoyenneté

Une loi approuvée par le Parti nationaliste hindou au pouvoir fait de l’appartenance confessionnelle un critère d’accès à la nationalité indienne.

Garantir la citoyenneté à toutes les minorités religieuses en Inde, non pas sur la base de l'appartenance confessionnelle mais sur la base du mérite individuel : C'est ce que demande un groupe œcuménique composé de 15 prêtres catholiques et de pasteurs protestants de l'État du Karnataka au NJP, le Parti nationaliste hindou au pouvoir depuis 2014. Ils souhaitent que gouvernement reconsidère le contenu du “Citizen Amendment Bill” (Cab), la loi sur la citoyenneté approuvée en décembre dernier et considérée comme discriminatoire envers les musulmans fuyant les persécutions dans les pays voisins, exclus de la protection juridique et protagonistes de vastes manifestations dans tout le pays.

L'appel est contenu dans un mémorandum diffusé ces derniers jours par l'archevêque de Bangalore, Mgr Peter Machado, président du Forum chrétien uni pour les droits de l'homme au niveau du Karnataka. La règle réduisant le délai d'attente pour l'obtention de la citoyenneté de 11 à 5 ans est saluée, mais les signataires de l'appel expriment leur perplexité quant à un changement de législation qui garantit la protection des réfugiés bouddhistes, hindous, chrétiens, jaïnistes, parsis et sikhs mais pas celle des réfugiés musulmans, principalement en provenance de trois pays à majorité musulmane - le Pakistan, le Bangladesh et l'Afghanistan.  D’autres minorités seraient également discriminées, comme les Ahmadis et les Rohingyas, qui sont beaucoup plus nombreux au Bangladesh qu’en Inde.

Les responsables chrétiens dénoncent la discrimination des musulmans

Les dirigeants chrétiens, qui ont rencontré les hauts responsables du BJP, ont souligné que «la discrimination contre les musulmans n'est pas acceptable dans une Inde laïque : aucune loi ne doit être discriminatoire », ont-ils précisé. «Toutes les personnes sont égales et, par conséquent, toute loi doit être fondée sur la personne et non sur la religion ou d'autres critères. Nous sommes prêts à accueillir tout le monde à bras ouverts.»

La foi professée «ne peut jamais devenir un critère pour avoir la citoyenneté d'une nation. La violence n'est pas non plus une solution lorsqu'il y a des divergences d'opinion». Il est donc nécessaire de s'asseoir à une table avec ceux qui contestent la norme et de s'entendre le plus rapidement possible «sur la façon de faire régner la justice, l'équité et l'honnêteté». Il n'y a pas de mal, concluent les chefs religieux, à faire marche arrière ou à changer de cap «si cela est nécessaire pour le bien de l'Inde et de notre peuple».

Offrir l'égalité juridique pour les Dalits

La Cour suprême de l'État indien a annoncé qu'elle examinerait le recours en faveur d'une autre minorité, les Dalits chrétiens, pour la protection de l'égalité et de l'égalité des chances dans le droit indien. La pétition, soumise par le Conseil national des Dalits chrétiens (NBC) et soutenue par la Conférence épiscopale, conteste une disposition de la Charte fondamentale de 1950 qui les exclut du statut de «castes reconnues» en les privant, uniquement en raison de leur croyance, de mesures qui favorisent leur éducation et leur développement économique, social et culturel, violant ainsi «le droit fondamental à l'égalité, à la liberté religieuse et à la non-discrimination».

D'où la demande d'étendre ce statut à eux aussi afin d'obtenir le même traitement juridique que les Dalits des autres confessions et, par conséquent, il est écrit dans l'appel, «de recevoir des bourses, des opportunités d'emploi, des mesures de protection sociale, la possibilité d'être élu dans les Panchayats (les conseils de village) et dans les assemblées législatives au niveau de l'Etat, jusqu'au Parlement».

(L’Osservatore Romano)

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13 janvier 2020, 18:19