Manifestation de médecins haïtiens dans les rues de Port-au-Prince, le 30 octobre 2019. Manifestation de médecins haïtiens dans les rues de Port-au-Prince, le 30 octobre 2019. 

Haïti: le président Jovenel Moïse sous pression

Depuis deux mois, les manifestations contre le président sont quotidiennes et le mouvement de contestation s’élargit à tous les secteurs de la société pour demander son départ. La corruption généralisée de la classe politique suscite l’exaspération de la population.

Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican

En Haïti, la position du président Jovenel Moïse est de plus en plus fragile. Après les universitaires, les ouvriers du textile ou les artistes, c’est le secteur médical qui a fait part de son ras-le-bol la semaine dernière en descendant dans la rue. Le 30 octobre, des centaines de professionnels médicaux ont défilé à Port-au-Prince pour exiger de meilleures conditions de travail et une hausse des salaires. 

Le secteur de la santé dans le pays est en piteux état : manque de matériel, délabrement des infrastructures, pénuries de médicaments… «on travaille dans une situation qui dépasse même la médecine de guerre» s’est alarmé un médecin gréviste.

Une corruption généralisée

Face à la crise économique sociale et humanitaire qui frappe depuis de nombreuses années les Haïtiens, la plupart des jeunes diplômés tentent leur chance à l’étranger. Le pays depuis deux mois est totalement paralysé : de nombreuses écoles sont toujours fermées suite aux violences en marge de certaines manifestations.

Au-delà de la dégradation des conditions de vie et de la mauvaise qualité des services publics, la crise politique et institutionnelle semble totale sur l’île où l’opposition exige le départ sans délai du président Moïse. La corruption rampante dans le pays, qui touche les élites politiques comme économiques est de plus en plus insupportable aux yeux de nombreux Haïtiens.

Le départ du chef de l’état parait donc inéluctable même si c’est tout un système institutionnel qu’il faut réformer selon Frédéric Thomas, politologue spécialiste d’Haïti, chargé d’études au Centre tri-continental (CETRI) à Louvain-la-Neuve. 

Entretien avec Frédéric Thomas, chercheur au CETRI (Louvain-la-Neuve)

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04 novembre 2019, 07:46