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Des fidèles rassemblés lors d'une messe pour la paix au Nicaragua, le 1er janvier 2019. Des fidèles rassemblés lors d'une messe pour la paix au Nicaragua, le 1er janvier 2019. 

Le Nicaragua prie pour le retour de la paix et de la démocratie

Une Semaine de prière pour la paix et la justice est organisée au Nicaragua du 8 au 15 septembre. A l’initiative de la Conférence épiscopale du Nicaragua, cet évènement invite tous les chrétiens du pays à unir leur prière et à participer à diverses activités pour le retour de la démocratie dans le pays.

La Conférence épiscopale du Nicaragua a choisi comme devise de sa semaine de prière nationale un verset du Psaume 84 : «Justice et paix s’embrasseront». Ce verset correspond aux espérances de la population nicaraguayenne en lutte continue pour la justice, la liberté, la démocratie et la libération des persécutés et des personnes détenues injustement par les autorités.

La semaine a débuté par une messe dominicale dans les cathédrales du pays. Tous les jours, un groupe différent est appelé à s’impliquer : le premier dimanche, les enfants et les catéchistes, le lundi les paysans, le mardi le clergé, les religieux et les opérateurs pastoraux, le mercredi les mouvements de laïcs, le jeudi les familles, le vendredi, tous sont invités à la célébration pénitentielle, samedi, les malades et le dimanche 15, les jeunes. Pour ce dernier jour, une prière sera faite pour les autorités nicaraguayennes. Cette semaine a pour vocation de permettre à tous les Nicaraguayens de prier ensemble pour les difficultés que rencontre leur pays. 

Les dates ne sont pas choisies au hasard. L’évènement commence le 8 septembre, Fête de la Nativité de la Vierge Marie,  et se termine le 15 septembre, date des festivités nationales commémorant l’indépendance du pays, ancienne colonie espagnole. L’évêque de Matagalpa, Mgr Rolando José Alvarez Lagos, a invité tout un chacun à exposer le drapeau, symbole de la patrie, au cours de cette semaine de prière et pendant tout le mois, en exhortant «à faire nôtres les souffrances des pauvres, des affamés, de ceux qui sont écartés de la société à cause de l’arrogance des plus forts et qui forment une grande partie de notre population».

Une Eglise active malgré les menaces

La semaine de prière a lieu dans un climat toujours plus hostile pour les croyants nicaraguayens. Le régime de Daniel Ortega, président depuis 2007, multiplie les vexations à l’encontre des églises, des évêques et des fidèles critiques envers ses abus de pouvoir. Bien que l’Église ait conduit la première tentative de dialogue, le gouvernement de Daniel Ortega a accusé les évêques et les prêtres d’être des putschistes pour avoir pris la défense des plus faibles. Fin août, des églises ont été encerclées par des agents de police, des unités anti-émeutes et des paramilitaires. Suite à cela, Mgr Juan Abelardo Mata, évêque d’Estelí et secrétaire général de la Conférence épiscopale, a déclaré que l’Église se sentait persécutée par les forces militaires du gouvernement.

Parallèlement aux actions paroissiales, des étudiants ont manifesté lundi 9 septembre sur le parvis de la cathédrale et au sein de de l’université Centroaméricaine (UCA) dans le centre de Managua contre le président, malgré l’habituel déploiement massif de forces armées. Les associations des Madres de Abril (AMA, les mères des dizaines d’étudiants assassinés au cours des manifestations massives de 2018) et des Familiares des Presos Politicos (AFPP, les Familles des Prisonniers Politiques) se sont jointes aux protestataires. À noter qu’il est interdit au Nicaragua de manifester contre le président Ortega, bien que cette mesure aille à l’encontre de la Constitution.

L’écho international du problème nicaraguayen

A Genève, la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme a dénoncé la restriction totale de l’espace démocratique au Nicaragua. Dans son intervention, l’Archevêques Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège à l’Organisation des Nations Unies, appelle de ses vœux un retour de la paix sociale au Nicaragua, dans le «respect des droits de l’homme et des principes inscrits dans la Constitution nicaraguayenne»  afin de poser les bases d’un avenir pacifique et prospère.

Il recommande au nom du Saint-Siège «que les différents responsables politiques et sociaux, avec un nouvel élan de responsabilité et de réconciliation, trouvent ensemble une solution qui respecte la vérité, rétablisse la justice et promeuve le bien commun». Il appelle à ce que reprennent les négociations, dans le respect réciproque, afin d’organiser au plus vite des réformes électorales pour l’avènement de la liberté ainsi que des élections transparentes en présence d’observateurs internationaux.

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11 septembre 2019, 16:21