Des réfugiés marchant dans la campagne près d'Erzurum, en Turquie, en avril 2018. Des réfugiés marchant dans la campagne près d'Erzurum, en Turquie, en avril 2018. 

En Turquie, les réfugiés syriens devenus indésirables

L’hostilité est grandissante dans la société turque envers ces réfugiés, accusés de peser sur l’économie du pays, alors que le gouvernement encourage à un retour dans leur pays natal.

Entretien réalisé par Olivier Bonnel-Cité du Vatican

Selon les chiffres de l’ONU, les réfugiés syriens sont plus de trois millions et demi à vivre en Turquie depuis le début du conflit il y a 8 ans et demi. La Turquie est de loin le pays qui accueille le plus de Syriens exilés, devant le Liban et la Jordanie. Une situation qui devient de plus en plus difficile pour l’État turc et provoque des tensions avec la population. L’hostilité grandissante envers ces réfugiés va de pair avec la dégradation de la situation économique de la région. En Turquie, durement frappée par la crise ces derniers mois et la dévaluation de la livre turque face au dollar, les discours stigmatisant la minorité syrienne se sont multipliés, repris par certains politiques en campagne électorale.

A la fin du mois de juin, des violences ont visé des réfugiés syriens mais aussi leurs commerces dans la ville d’Istanbul. Ces réfugiés se sentent de moins en sécurité dans un pays qui les a accueilli les bras ouverts. Le gouvernement turc a annoncé que les réfugiés syriens auraient jusqu'au 20 août pour regagner les provinces turques où ils ont été enregistrés en arrivant sur le sol turc, sous peine d'être arrêtés, sanctionnés et renvoyés dans ces provinces. Certains réfugiés ont même été renvoyés dans la province d’Idleb pourtant en guerre.

Des départs «volontaires» ?

Depuis plusieurs mois, les autorités turques ont invité nombre de ces réfugiés à regagner leur terre natale, arguant du fait que le conflit se serait résolu. Selon le gouvernement turc, tous les départs en Syrie --337 729 depuis le début de la guerre--, ont été volontaires. Mais les ONG de défense des droits de l’homme mettent en doute le bien-fondé de ces «départs volontaires» et dénoncent une politique anti-réfugiés.

Comment expliquer cette défiance vis-à-vis de ces réfugiés ? Que représentent-ils dans la société turque ? Eléments de réponse avec le père Claudio Monge. Depuis 16 ans, ce religieux dominicain, auteur d’une thèse sur l’hospitalité dans les religions abrahamiques, vit à Istanbul.

Entretien avec le père Claudio Monge

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19 août 2019, 12:43