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La Méditerranée, la mer la plus polluée d'Europe

Le golfe de Gibraltar et le Canal de Suez constituent les seules ouvertures de cette mer presque intégralement fermée qu’est la Méditerranée. Tous les plastiques qui y sont jetés par les riverains des 22 pays qui la bordent, y sont piégés pour n’être que très exceptionnellement ramassés.

Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican

Chaque année, 200 000 tonnes de plastique seraient déversées en mer Méditerranée selon Ifremer ; 600 000 selon le Fond mondial pour la Nature. Les chiffres divergent mais le constat est le même : le nombre de déchets retrouvés dans la Grande bleue est en constante augmentation.

Sacs plastiques, bouteilles d’eau, emballages alimentaires, le plastique représente 60% des déchets. Suivant les courants, on les voit dériver à la surface de l’eau. Ils s’accumulent aussi dans les fonds marins. C’est ce que constate l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer qui vient de publier dans le «Marine Pollution bulletin» les résultats d’une étude de suivi sur le long terme, de 1994 à 2017, en Méditerranée.

François Galgani est chercheur océanographe à la station de l’Ifremer à Bastia. Il traque les déchets, observe leurs fluctuations aux grès des courants et mesure leur densité.

Entretien avec François Galgani, océanographe à l'Ifremer

Les riverains et touristes, très nombreux à fréquenter les côtes méditerranéennes, ne sont pas les seuls responsables de cet afflux de gobelets, pailles ou mégots sur les plages et dans l’eau. Des fleuves salis se jettent dans la mer, des décharges également. La pollution est également le fait du trafic maritime, commercial ou de plaisance.

Il est encore difficile d’évaluer l’impact de ces déchets sur le long terme. Plusieurs problématiques environnementales ou socio-économiques sont néanmoins soulignées, comme des hélices paralysées ou la digestion de micro-plastiques par les poissons puis par l’homme.

Les déchets peuvent être collectés si des intérêts économiques sont en jeu, pour des pécheurs dont les filets coûtent très chers ou des communes du littoral qui comptent sur la venue des touristes sur leurs plages. Mais globalement, les plastiques sont abandonnés en mer. Leur disparition prendra des décennies.

Pour obtenir des résultats, il faut maintenant miser sur des restrictions de production et d’utilisation du plastique à usage unique, et sur la prévention et l’éducation des personnes fréquentant les côtes de la Grande bleue ou des fleuves qui s’y jettent. 

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05 août 2019, 07:20