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Une femme burkinabè Une femme burkinabè 

L’instabilité s’accentue au Burkina Faso après une attaque contre l’armée

La violence frappe à nouveau le Burkina Faso: le 19 août dernier, une attaque djihadiste a entraîné la mort de 24 militaires burkinabés dans le nord du pays. La situation reste instable dans cette région où la communauté chrétienne a été durement éprouvée ces derniers mois.

Selon un communiqué publié le 20 août par l’état-major général des armées, le bilan de cette attaque menée par «des groupes armés terroristes» contre la caserne de Koutougou (extrême nord sahélien du Burkina, proche de la frontière malienne) s’élève, côté militaires, à 24 morts, 7 blessés et cinq disparus. Le nombre d’assaillants était d’«une centaine d’hommes armés, avec des drapeaux noirs», précise l’état-major burkinabè. Mardi soir, l’attaque n’avait pas encore été revendiquée, même si plusieurs éléments laissent penser qu’il s’agit de groupes djihadistes évoluant dans cette région, comme l’explique Le Monde Afrique.  

«Le 19 août est une tache noire dans la vie de notre armée car c’est la première fois que nous avons [un tel] nombre de victimes. C’est un bilan lourd, c’est un bilan qui nous interpelle», a écrit le président du pays, Roch Marc Christian Kaboré, peu après l’attaque. Celui-ci a invité «le peuple burkinabé à rester toujours debout dans cette lutte de longue haleine contre le terrorisme». «Le Burkina Faso ne cédera pas une partie de son territoire, dussions-nous tous y laisser notre vie», a-t-il ajouté dans un tweet.

La présence chrétienne en danger

Début août, le président de la Conférence des Évêques du Burkina Faso et du Niger et évêque du diocèse de Dori, Mgr Laurent Birfuoré Dabiré, avait dénoncé les massacres de chrétiens perpétrés par des groupes djihadistes bénéficiant d’un soutien étranger. Des groupes qui, selon lui, «sont mieux armés et équipés» que l’armée nationale burkinabè.

«Si le monde continue à ne rien faire, il en résultera l’élimination de la présence chrétienne», avait-il alerté. D’après lui, les groupes djihadistes suivent une stratégie précise de mise sous contrôle et de déstabilisation de vastes zones du pays. Ils s’attaquent à l’armée, aux structures civiles et à la population, mais leur cible principale semble «désormais être les chrétiens. Je crois qu’ils cherchent à déclencher un conflit interreligieux», avait affirmé l’évêque, avant d’expliquer que «l’insécurité continue à grandir et nous a contraints à réduire nos activités pastorales. Maintenant il est dangereux de se rendre dans des zones déterminées et j’ai été obligé de fermer deux paroisses».

Une année éprouvante

L’Église catholique représente un cinquième des 16,5 millions d’habitants du Burkina Faso. Le pays a signé le 12 juillet dernier un accord avec le Saint-Siège, permettant de garantir le statut juridique de l’Église et impliquant une collaboration «pour le bien-être moral, spirituel et matériel de la personne humaine et pour la promotion du bien commun».

Les lieux de culte chrétiens, en particulier dans le nord à majorité musulmane, sont toujours plus fréquemment la cible de groupes djihadistes, notamment depuis la démission du président Blaise Compaoré, en octobre 2014.

L’année 2019 s’avère particulièrement meurtrière: une église protestante attaquée fin avril, deux églises catholiques et une procession prises pour cible en mai, des laïcs chrétiens tués dans leur habitation début juillet… mais aussi des prêtres enlevés ou assassinés. Cette «spirale d’horreur» qui prend une tournure de persécution religieuse a été fermement condamnée par l’épiscopat du Burkina-Niger au mois de juin, les prélats appelant les fidèles à «la solidarité et l’amour sincère de la patrie» et à rester «disciples et témoins de Celui qui a vaincu le mal par le bien».

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21 août 2019, 14:34