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Devant le QG de l'armée à Ouagadougou (Burkina Faso) le 3 mars 2018, au lendemain d'un attentat meurtrier dans la cpaitale. Devant le QG de l'armée à Ouagadougou (Burkina Faso) le 3 mars 2018, au lendemain d'un attentat meurtrier dans la cpaitale.  

L’État burkinabè pris en tenaille entre conflits sécuritaire et social

Le 19 août dernier, le Burkina Faso faisait face à la plus importante attaque djihadiste commise contre ses hommes: 24 militaires ont été tués. Dans la partie septentrionale du pays, les attaques contre militaires et populations se multiplient, et l’État burkinabè ne peut garantir la sécurité à ses citoyens. Éléments d'explications.

Marine Henriot - Cité du Vatican 

Lundi 19 août dernier, l’armée du Burkina Faso faisait face à la plus grande attaque jihadiste jamais commise contre ses hommes. Dans la province du Soum, 24 militaires ont été tués, par des hommes arrivant en moto et en pick-up et tirant sur les hommes. Mi-juillet, deux gendarmes avaient été tués dans une embuscade contre une patrouille sur la même route. Pays sahélien pauvre d'Afrique de l'Ouest, le Burkina Faso est pris depuis quatre ans et demi dans une spirale de violences, attribuées à une douzaine de groupes, certains affiliés à Al-Qaïda et d'autres au groupe État islamique. Depuis début 2015, les attaques jihadistes, de plus en plus fréquentes et meurtrières, en particulier dans le nord et l'est du pays, ont fait plus de 500 morts. 

Carence de l’État au niveau sécuritaire

«L’État s’avère incapable de garantir la sécurité de tous les burkinabès sur l’ensemble du territoire», explique Rinaldo Depagne, coordinateur de projet en Afrique de l’Ouest chez International Crisis Group. Pour autant, cette insécurité est le résultat d’un problème structurel de l’armée, qui manque cruellement de moyens. «Est-ce qu’un autre pouvoir ferait mieux? Nous n’en sommes absolument pas sûr», convient Rinaldo Depagne, qui explique également que le moral des troupes est faible: «il y a beaucoup de jeunes gens aujourd’hui qui rechignent à se rendre dans des zones où ils ont une probabilité importante de se faire tuer»

Dans sa lutte contre des groupes jihadistes et rebelles protéiformes, le Burkina Faso est épaulé par le G5 Sahel, constitué de la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad. Le groupe a constitué une force militaire nationale, mais qui peine à monter en puissance. «C’est une force qui a une lecture très horizontale des problématiques, alors que celles-ci peuvent s’avérer verticales», commente Rinaldo Dupagne. 

Un conflit également social

Certains des groupes rebelles présents sur le territoire burkinabè jouissent d’un soutien relatif d’une partie de la population qui est en opposition ou qui est révoltée contre l’État. Il ne s'agit donc pas seulement de groupes extérieurs qui imposent leur loi à des populations terrorisées. L’armée, explique le spécialiste, doit donc faire face à ces groupes rebelles, mais doit également se battre contre une partie de la population.
Retrouvez en podcast les précisions de Rinaldo Depagne, coordinateur de projet en Afrique de l’Ouest chez International Crisis Group.

Entretien avec Rinaldo Depagne

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29 août 2019, 08:04