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Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, en mai 2018 Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, en mai 2018 

Burkina Faso: les chrétiens ont le cœur «broyé», le Pape proche des victimes

Six personnes, dont un prêtre, ont été tuées dimanche pendant la messe dans une église catholique à Dablo, dans le nord du Burkina Faso. La communauté a été la cible de plusieurs dizaines d’assaillants armés. C’est la première attaque contre une église catholique dans le pays depuis le début des attaques terroristes.

«Le Saint-Père a appris avec douleur la nouvelle de l'attaque menée contre une église à Dablo, au Burkina Faso. Il prie pour les victimes, pour leurs familles et pour toute la communauté chrétienne de ce pays» a déclaré, ce lundi matin, Alessandro Gisotti, le directeur par intérim du Bureau de presse du Saint-Siège, sur son compte Twitter.  

«Vers 9 heures, au cours de la messe, des individus armés ont fait irruption dans l'église» a expliqué à l’AFP le maire de Dablo, Ousmane Zongo. «Ils ont commencé à tirer alors que les fidèles essayaient de s'enfuir». Les assaillants, arrivés à moto devant l’église, sont parvenus à «immobiliser certains fidèles. Ils ont tué cinq (personnes). Le prêtre qui célébrait la messe a également été tué, portant à six le nombre de morts», a-t-il précisé. «Ils ont fermé les portes et demandé à voir les responsables de l’église », selon une autre source locale, qui explique que « les fidèles avaient d’abord pensé à une prise d'otage».

«Ils ont incendié l'église, puis des boutiques et un maquis (petit restaurant ou bar) avant de se rendre au centre de santé où ils ont fouillé le local et incendié le véhicule de l'infirmier chef de poste», a également décrit le maire de la ville. «Dans la ville règne un climat de panique. Les gens sont terrés chez eux, aucune activité n'est fonctionnelle. Les boutiques et magasins sont fermés. C'est pratiquement une ville morte», a-t-il expliqué.

«Il n’y avait aucun signe d’une quelconque menace sur cette commune», souligne un habitant.

L’évêque de Kaya très inquiet

La sécurité dans la région est très précaire mais «c’est la première fois que nous subissons une attaque de cette ampleur» indique Mgr Théophile Nare. L'évêque de Kaya, diocèse dont dépend le village attaqué, évoque la douleur de la communauté chrétienne. «C’est la désolation, j’ai le cœur broyé». Le diocèse traverse une grande épreuve, observe t-il, en détaillant le déroulement de l’attaque.

Entretien avec Mgr Théophile Nare, l’évêque de Kaya,

Les communautés chrétiennes plusieurs fois visées

Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, attribuées à des groupes jihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et l'organisation État islamique au grand Sahara (EIGS).

D'abord concentrées dans le Nord, ces attaques ont ensuite visé la capitale et d'autres régions, notamment l'Est, et fait depuis 2015 près de 400 morts, selon l'AFP.

Les attaques ciblent régulièrement des responsables religieux, principalement dans le Nord. Plusieurs prélats chrétiens et musulmans ont été visés depuis 2015. Il s’agit cependant de la première attaque contre un lieu de culte catholique.

Fin mars, six personnes avaient été tuées dans une église protestante de Silgadji, dans le nord du pays. Le 15 février, le père César Fernandez, missionnaire salésien d'origine espagnole, a été tué lors d'une attaque armée attribuée à des jihadistes à Nohao, dans le centre-est du pays. À la mi-mars, l'abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo, a été enlevé par des individus armés. On est sans nouvelles de lui depuis lors.

L'attaque des églises fait partie de la stratégie des jihadistes, estiment des experts, afin de «faire monter les tensions ethniques et déstabiliser le pays», comme l’explique un membre de Human Rights Watch.

Avec AFP et RFI

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12 mai 2019, 17:48