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Camp de réfugiés d'Al-Shati dans la bande de Gaza Camp de réfugiés d'Al-Shati dans la bande de Gaza 

À huit jours des législatives, Israël lâche du lest sur Gaza

La bande de Gaza est en souffrances depuis plusieurs années à cause du blocus qu’elle subit. Le gouvernement israélien, conscient de la situation, a décidé de rouvrir certains points de passage malgré les tensions de la semaine dernière qui ont fait sept morts chez les Palestiniens.

Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican

L’État hébreu a réduit ce lundi les restrictions imposées aux pécheurs de l’enclave palestinienne. La zone de pêche est étendue jusqu’à 15 miles au sud - la plus grande distance autorisée depuis des années près de la frontière égyptienne. Elle reste fixée à 12 miles au centre et 6 miles au nord près de la frontière israélienne. Au-delà, les bateaux palestiniens peuvent être arraisonnés par la marine israélienne qui a également le droit d’ouvrir le feu.

Israël dément, mais des négociations indirectes seraient en cours avec le Hamas, par l’entremise de l’Egypte. Le mouvement au pouvoir à Gaza depuis 2007 promet de maintenir le calme à la frontière en échange d’un allègement du blocus.

Samedi, un an après le début des Marches du retour, des dizaines de milliers de Palestiniens se sont retrouvés le long du mur hermétique qui sépare leur territoire de celui d’Israël. Quatre Palestiniens ont été tués, leurs funérailles ont eu lieu dimanche. Il y a eu également des dizaines de blessés, mais cela aurait pu être pire.

Réouverture de points de passage

La semaine passée, l’armée israélienne a procédé à des centaines de frappes sur Gaza après un tir de roquette venant de l’enclave palestinienne qui avait fait sept blessés près de Tel Aviv, en Israël. Les points de passage pour les personnes à Erez et pour les marchandises à Kerem Shalom avaient été fermés. Et là encore, Israël joue l’apaisement. Ce dimanche, les deux points de passage vers Gaza ont été rouverts.

Il faut dire que la situation dans l’enclave palestinienne, éprouvée par les guerres, la pauvreté et l’enfermement, est explosive, et qu’une nouvelle déstabilisation ne pourrait que nuire à Israël.

«Nous voulons vivre». Sur Facebook début mars un appel à manifester contre la vie chère se propage du nord au sud de Gaza. Pendant quelques jours, des milliers de Palestiniens participent à des manifestations pacifiques. Elles seront étouffées dans l’œuf. Le Hamas n’a pas hésité à brimer physiquement le mouvement. Des centaines de personnes auraient été arrêtées, estime Le Monde.

Sandrine Mansour est historienne spécialiste de la Palestine, chercheuse au Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique à l’université de Nantes. Elle revient sur les raisons qui ont poussé les Gazaouis à manifester alors.

L'entretien avec Sandrine Mansour

Les Palestiniens de Cisjordanie occupée se trouvent également dans une situation des plus critiques. L’Autorité palestinienne a annoncé le 10 mars des coupes dans les revenus des fonctionnaires. Ceux dont le salaire dépasse les 2000 shekels, soit 490 euros par mois, verront leur rentrée d’argent réduite de moitié jusqu’à nouvel ordre.

Les crises sont régulières et les finances depuis longtemps déficitaires, mais cela s’est empiré pour différentes raisons.

Les États-Unis ont coupé l’an dernier plus de 500 millions de dollars d’aides qui allaient à l’Unwra, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, à différents programmes d’assistance et, dans une moindre part, directement au budget de l’Autorité palestinienne. Washington punissait ainsi les Palestiniens qui avaient décidé de geler leurs contacts avec l’administration de Donald Trump, celle-ci ayant reconnu unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017.

Dépendance des Palestiniens de l'aide internationale

En janvier, l’Autorité a aggravé son cas, refusant toute aide provenant des États-Unis par peur de poursuites judiciaires après l’adoption d’une nouvelle législation sur le soutien du terrorisme outre-Atlantique.

L’Autorité palestinienne dépend de l’aide étrangère, de taxes locales et à plus de 50% des 190 millions de dollars collectés pour son compte par Israël au titre des droits de TVA et des droits de douane prélevés par l’État hébreu sur les produits importés par les Palestiniens.

Or, Israël s’est refusé de reverser une partie de cet argent à Ramallah après le viol d’une de ses ressortissantes par un Palestinien le 17 février : quelque 10 millions de dollars par mois, l’équivalent selon les autorités israéliennes de ce que verse l’Autorité aux familles des prisonniers palestiniens. Il s’agit d’une allocation versée aux proches de héros de la lutte contre l’occupant pour les uns, d’une incitation à la violence pour les autres. Toujours est-il que les autorités palestiniennes se sont braquées. Elles ont dénoncé un «vol» et décidé de renoncer à la totalité des droits de TVA et de douane, aggravant encore la situation.

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02 avril 2019, 08:06