Le nonce apostolique, Mgr Stanislaw Sommertag, lors de la conférence de presse ce mardi à Managua. Le nonce apostolique, Mgr Stanislaw Sommertag, lors de la conférence de presse ce mardi à Managua. 

L'Église engagée dans le dialogue national au Nicaragua

Une «feuille de route» ouvrant la voie à des négociations a été approuvée ce mardi au Nicaragua. Après cinq jours de discussions, le gouvernement de Daniel Ortega et l’opposition se sont finalement mis d’accord. L’annonce a été faite par le nonce apostolique à Managua, Mgr Waldemar Sommertag, lors d’une conférence de presse.

Adélaïde Patrignani et Marie Duhamel - Cité du Vatican

L’Église catholique continuera de jouer rôle dans les négociations. Cette «feuille de route» en 16 points, le confirme. La conférence épiscopale nicaraguayenne sera présente à la table des négociations, par son président, le cardinal Leopoldo Brenes. Depuis lundi pourtant rien n’était moins sûr. L’archevêque de Managua avait annoncé qu’il renonçait à jouer un rôle dans la négociation. Selon un de ses pairs, l’évêque d’Esteli cité par l’agence Fides, les évêques ne voulaient pas «être utilisés dans le cadre de tactiques politiques ou d’accords souterrains».

Les évangéliques sont eux aussi conviés. Selon la feuille de route paraphée ce mardi, l’archevêque de Managua devra travailler aux côtés du Pasteur Ulises Rivera, le coordinateur des Églises évangéliques du Nicaragua, des Églises réputées plus proches du pouvoir, affirme l’Agence France Presse.

Les deux religieux seront «témoins et accompagnateurs nationaux». Le nonce apostolique sera quant à lui «témoin et accompagnateur international». Chaque délégation, gouvernement et opposition de l’Alliance civique pour la justice et la démocratie, sera composée de six membres. D’autres «garants internationaux» les rejoindront dans un deuxième temps. Ils seront désignés par consensus et devront veiller à l'application des accords qui restent à trouver.

Réunies du lundi au vendredi, les délégations ont pour objectif de conclure leurs négociations le 28 mars prochain. Cette date-butoir pourra être repoussée «par consensus».

Les revendications des délégations

Dans la rue, les manifestants demandait la démission du président Ortega. Ce départ ne figure pas directement parmi leurs revendications. La plateforme d’opposition réclame le rétablissement de la liberté de la presse, d’expression et de manifestation. Les entreprises, étudiants, membres de la société civile et paysans qui la composent souhaitent que justice soit faite pour les actes commis lors de la répression et la libération des prisonniers politiques. Quelques heures avant la reprise du dialogue, une centaine de prisonniers ont été libérés de prison pour être assigner à domicile. Parmi eux ne figure aucun leader de l’opposition. 600 personnes seraient toujours placées en détention.

Le dialogue aujourd’hui engagé doit mettre fin à la grave crise politique que traverse le pays depuis le mois d’avril dernier. Les affrontements entre les sandinistes et l’opposition ont déjà fait plus de 325 morts, et le pays est plongé dans la récession économique. C’est d’ailleurs pour cette raison que le président Ortega a insisté pour que le dialogue national puisse reprendre.

Depuis avril 2018, des dizaines de milliers de Nicaraguayens ont fui leur pays. L’an dernier le PIB a reculé de 4% et les entrepreneurs locaux redoutent une chute de 11% cette année, provoquant une contraction plus sévère du marché de l’emploi. En 2018, 300 000 postes ont été perdus.

La crise a également affecté la participation du Nicaragua aux Journées mondiales de la jeunesse qui se sont tenues en janvier dernier au Panama.

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06 mars 2019, 16:10