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Un soldat de l'armée pakistanaise dans la ville de Nord Waziristan sur la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan. Un soldat de l'armée pakistanaise dans la ville de Nord Waziristan sur la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan.  

Afghanistan: une ébauche d’accord, et ensuite ?

Un premier pas vers la paix paraît franchi entre les représentants des Etats-Unis et les talibans après des négociations à Doha, basé sur un retrait des troupes de l’Otan dirigées par les Etats-Unis. Mais il ne s’agit là que d’une ébauche d’accord, le chemin vers un Afghanistan en paix s’annonce encore très long et pourrait se heurter au calendrier électoral.

Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican

Des discussions «encourageantes» selon le Pentagone, «des progrès» pour le représentant spécial pour des Etats-Unis pour la réconciliation en Afghanistan, Zalmay Khalilzad… Pour la première fois après 17 ans de conflit, Américains et talibans se sont entendus sur une ébauche d’accord lundi 28 janvier. Une ébauche après d’intenses tractations à Doha au Qatar, qui prévoit un calendrier de retrait des troupes étrangères d’Afghanistan en échange de la promesse des talibans de ne plus accueillir d'extrémistes étrangers ou de groupes jihadistes considérés comme terroristes par Washington - la raison initiale de l'intervention américaine lancée après les attentats du 11 septembre 2001.

Il faut cependant rester prudent, le processus de paix en Afghanistan devrait prendre «des mois voire des années» averti Didier Chaudet, consultant indépendant, spécialisé sur les questions géopolitiques et sécuritaires en Asie du Sud-ouest. Car si le Pentagone et le bureau politique des talibans sont d’accord sur le principe, le plus compliqué reste à venir : trouver un moyen d’amener les insurgés à la table des négociations avec le gouvernement afghan afin de chercher une issue au conflit. Un dialogue jusqu’ici refusé par les talibans, qui considèrent le gouvernement afghan comme la «marionnette» de Washington. Lundi, le président afghan Ashraf Ghani appelait une nouvelle fois les talibans à «engager des pourparlers sérieux» avec le gouvernement de Kaboul.

Risque de se heurter au calendrier électoral 

Or, dans l’hypothèse où les talibans, une fois la question du calendrier du retrait des troupes de l'OTAN en Afghanistan écrit noir sur blanc, acceptent de négocier avec le gouvernement, les discussions risquent cette fois-ci de se heurter au calendrier électoral. En effet, les forces occidentales soutiennent l’organisation d’une élection présidentielle en juillet 2019 «contre tout bon sens», déplore Didier Chaudet. «Pour que l’accord de paix soit solide, il faut que les talibans puissent parler au gouvernement central, si le gouvernement central n’est plus le même dans 6 mois, il risque d’y avoir un conflit entre Pachtounes et non Pachtounes», explique le spécialiste, «nous avons voulu imposer un processus démocratique dans un pays qui est en guerre civile depuis 40 ans

Dans un pays où cohabitent les ethnies Hazaras, Tadjiks, Ouzbeks, Turkmènes, Nouristanis, Baloutches et Pachtounes, une sortie américaine sans accord entre les talibans et le gouvernement afghan pourrait ainsi tourner au désastre si les forces afghanes se divisent en fonctions de leur appartenance ethnique, laissant planer le risque d’une guerre civile sanglante. Retrouvez l’analyse de Didier Chaudet, consultant indépendant, spécialisé sur les questions géopolitiques et sécuritaires en Asie du Sud-ouest.

Interview de Didier Chaudet

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30 janvier 2019, 09:29