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Manifestation de Nicaraguayens exilés devant l'ambassade du Nicaragua à San José, la capitale du Costa Rica, le 22 décembre 2018. Manifestation de Nicaraguayens exilés devant l'ambassade du Nicaragua à San José, la capitale du Costa Rica, le 22 décembre 2018. 

Une année de tensions au Nicaragua

L'année 2018 a été marquée par de violents affrontements entre le pouvoir et des manifestants. L'Église a souvent été visée par des milices sandinistes, liées au présidet Ortega.

Le Nicaragua vit une crise politique et sociale très grave depuis le mois d’avril, avec des  manifestations d’abord dirigées contre une réforme des retraites, qui ont progressivement évolué vers une contestation plus globale des abus de pouvoir du président Daniel Ortega et de son entourage. Selon des organisations de défense des droits de l’homme, les affrontements auraient fait au total entre 325 et 545 morts, alors que les statistiques officielles du gouvernement ne recensent que 199 morts.

Le Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Commission interaméricaine des Droits Humains ont accusé le gouvernement de tenir une responsabilité directe dans la mort d’au moins 300 personnes. Des cas de torture, d’exécution extra-judiciaire, de détention arbitraire, de privation de soins médicaux ou encore de violence sexuelle ont été documentés.

L’Église et les journalistes pris pour cible

Le président Daniel Ortega a nié les accusations et dénonce une tentative de «coup d’État» de la part de l’opposition. La presse est aussi largement visée par le pouvoir, ce qui suscite l’inquiétude des organisations de défense des journalistes. La société interaméricaine de presse dénonce «une grave violation de la liberté d’expression et de presse» après l’arrestation du journaliste Miguel Mora, et la fermeture forcée de la chaine de télévision 100% Noticias, avec l’accusation de conspiration.

L’Église, qui s’était engagée dans une médiation très complexe, est elle aussi régulièrement prise pour cible par des milices liés au pouvoir exécutif. De nombreuses agressions verbales et physiques ont visé des évêques, des prêtres et des fidèles dans différentes régions du pays, impliquant des miliciens pro-Ortega. Pourtant, le président lui-même ainsi que Rosario Murillo, son épouse et vice-présidente, ont souvent mis en avant leur catholicisme, notamment lors du retour au pouvoir des sandinistes en 2006. Les relations du couple Ortega avec le cardinal Miguel Obando Bravo, décédé en juin dernier, étaient alors chaleureuses, mais le virage autoritaire du pouvoir a provoqué une dégradation progressive des relations entre le gouvernement et l’épiscopat.

Lors de sa bénédiction Urbi et Orbi du 25 décembre, le Pape François avait mentionné le «cher Nicaragua», invitant à ce «que les habitants se redécouvrent frères, afin que ne prévalent pas les divisions et les mésententes, mais que tous s’engagent en vue de la réconciliation et de la construction du pays».

 

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28 décembre 2018, 16:29