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Des femmes devant une maison brûlée après une attaque de Boko Haram dans le village de Dalori dans l'état de Borno, le 1er novembre 2018. Des femmes devant une maison brûlée après une attaque de Boko Haram dans le village de Dalori dans l'état de Borno, le 1er novembre 2018.  

Boko Haram et les femmes: s’attaquer au plus faible pour exister

Dans le nord-est du Nigéria, Boko Haram s’attaque aux femmes pour montrer sa puissance et vulgarise le viol comme arme de guerre. Pour celles qui réussissent à fuir les jihadistes, le retour dans la communauté est difficile, sous les stigmatisations.

Marine Henriot - Cité du Vatican

S’attaquer aux femmes pour faire parler d’eux : tel est un pan de la stratégie de Boko Haram, une manière pour ces combattants de montrer qu’ils existent. Lorsque la secte s’en prend aux femmes, catégorie vulnérable selon les Nations unies, elle envoie un message à la communauté internationale et aspire à une médiatisation. L’enlèvement des lycéennes de Chibok en avril 2014 en est l’illustration, la forte médiatisation autour des 274 jeunes filles disparues a fait connaître Boko Haram au monde entier.

Femmes kamikazes

Dans un conflit asymétrique exclusivement masculin, la femme est «une victime et peut-être embrigadée», nous explique Brice Mankou, docteur en sociologie et spécialiste du processus migratoires des Femmes d’Afrique centrale. Effectivement, la secte jihadiste utilise des femmes comme kamikazes. Près de 500 femmes et filles auraient ainsi utilisées ou arrêtées avec une ceinture d’explosif autour de la taille, entre 2009 et 2017.

Le viol comme arme de guerre  

Au Nigéria, si une femme enlevée par Boko Haram parvient à se sortir des griffes de la secte, le retour dans sa communauté est souvent difficile : «ce sont des otages sur lesquelles plusieurs soldats sont passés, avec des viols… quand une femme a été victime de viol, elle fait l’objet d’une vindicte populaire», détaille Brice Mankou. De nombreuses victimes reviennent par ailleurs au village avec un enfant ou enceinte. La grossesse est utilisée comme une arme par les combattants pour assouvir leur instinct. «Que ça soit du côté des militaires ou de Boko Haram, les exactions passent par des relations sexuelles forcées.», note le spécialiste des migrations féminines en Afrique Centrale.

Depuis 2009 et le début de l’insurrection de Boko Haram, plus de 27 000 personnes ont été tuées dans le nord-est du pays, plus de deux millions déplacées.

Retrouvez l’analyse de Brice Mankou, docteur en sociologie et spécialiste du processus migratoire des femmes d’Afrique centrale, sur le sort des femmes sous Boko Haram.

Interview de Brice Mankou

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08 novembre 2018, 07:27