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Des autochtones indiennes originaires du Mexique lors de la journée mondiale des autochtones, le 9 août 2018. Des autochtones indiennes originaires du Mexique lors de la journée mondiale des autochtones, le 9 août 2018. 

Aux États-Unis, l'inquiétante disparition des Amérindiennes

Aux États-Unis, des milliers d’Amérindiennes disparaissent chaque année. Conséquence de la colonisation des peuples autochtones des Amériques, aujourd’hui encore les «natives» sont bien plus confrontées aux violences faites aux femmes, que le reste des Américaines.

Entretien réalisé par Blandine Hugonnet – Cité du Vatican

Une jeune femme tout sourire, casquette de baseball vissée sur la tête. Les photos des avis de recherches et les ouvertures d’enquêtes sont presque quotidiennes dans la presse américaine. En 2017, la police fédérale américaine a enregistré près de 5 700 disparitions d’Amérindiennes sur le territoire, et plus de 2 700 nouveaux cas ont déjà été signalés cette année. 

Des séquelles de la colonisation

Agressions, viols, meurtres. Ces milliers de jeunes femmes sont confrontées à tous types de violences. Selon l'Institut national pour la Justice, quatre Amérindiennes sur cinq ont déjà subi des brutalités.

Touchées par la déscolarisation, le chômage et la spirale de l’exclusion, ces autochtones américaines sont fragilisées par leur condition particulièrement précaire. C’est «une séquelle persistante de la colonisation qui confine encore aujourd’hui ces populations dans les réserves», explique Joelle Rostkowski, ethno-historienne, spécialiste des Amérindiens.

Pleinement citoyens américains depuis seulement 1924, les Amérindiens représentent 2 % de la population américaine. Pour sensibiliser à leur condition, ainsi qu'au fléau de ces agressions, une journée est désormais célébrée pour les Amérindiennes disparues et tuées: chaque année, le 5 mai, en mémoire du viol et du meurtre d’une jeune Cheyenne disparue en 2013.

Un #MeToo améridien

Face à ce terrible constat, les «natives» des États-Unis ont décidé de faire entendre leur voix. Dans la lignée du mouvement de libération de la parole #MeToo, de nombreuses Amérindiennes militent, et s’engagent aujourd’hui pour la défense de leur droits et de leurs terres.

Cette action doit encore porter des fruits du côté de la justice. Malgré une volonté de changement de la législation sous la présidence Obama, explique l’ex- consultante à l'UNESCO et enseignante à l’EHESS, Joelle Rostkowski, «les tribunaux tribaux ne sont pas encore habilités à juger des non-Améridiens». Un vide juridique qui laisse trop souvent les agresseurs impunis.

Entretien avec Joelle Rostkowski, ethno-historienne,spécialiste des Amérindiens

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17 août 2018, 08:49