Des militants du MLC, le parti de Jean-Pierre Bemba, devant son quartier général à Gemana en RDC, le 30 juillet 2018. Des militants du MLC, le parti de Jean-Pierre Bemba, devant son quartier général à Gemana en RDC, le 30 juillet 2018.  

RDC: retour de Jean-Pierre Bemba après 11 ans d'exil

Jean-Pierre Bemba devrait arriver mercredi en République Démocratique du Congo. Un retour qui s'effectue sous haute sécurité après 11 ans d'exil et des accusations de crime contre l'humanité. L'opposant Moïse Katumbi demande lui aussi à rentrer en RDC, à quelques mois de l'éléction présidentielle annoncée le 23 décembre 2018.

Marine Henriot - Cité du Vatican 

L’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba devrait revenir mercredi 31 juillet en République Démocratique du Congo, après 11 ans passé en exil. Jean-Pierre Bemba voulait arriver dès mardi dans son fief familial de Gemena dans le nord-ouest. «Le gouvernement n'a pas pu accorder l'autorisation d'atterrissage du vol directement à Gemena», a déclaré sur place le MLC (le Mouvement de Libération du Congo) à des fidèles dépités. Jean-Pierre Bemba est donc directement attendu à Kinshasa. 

Le chef de la MLC n’est pas le seul à vouloir rentrer au pays alors que les candidats pour la présidentielle ont jusqu’au 8 août pour se déclarer. Ce lundi, l'opposant Moïse Katumbi a officiellement envoyé une demande à l'aviation civile pour atterrir vendredi dans son fief de Lubumbashi en provenance de Johannesburg où il se trouve.

L'ex-gouverneur du Katanga a présenté une liste de sept passagers, dans ce courrier daté de Bruxelles. Ex-proche du président Kabila passé à l'opposition en 2015, il a été condamné à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière.

Un vice-président accusé puis acquitté

Jean-Pierre Bemba est lui aussi dans le viseur de la justice. Accusé par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, il revient pourtant en homme libre dans son pays. Après une procès fleuve qui s’est étalé sur 6 ans, 330 jours de siège pour la CPI et 77 témoins auditionnés, l’ancien président congolais s’était vu condamné à 18 ans de prison en juin 2016. C’est alors la personnalité la plus haut placée à être condamnée par la CPI. Parallèlement, il est jugé coupable pour subordination de témoins lors des ses procès pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, avec ses avocats ils auraient influencé ou acheté une quinzaine de témoins.

Mais l’ancien chef de guerre fait appel et sera acquitté de ses 18 ans de prison en juin 2018, il décide ainsi de revenir en RDC où le premier tour de la présidentielle est censé se tenir le 23 décembre. Le 18 juillet dernier, Jean-Pierre Bemba annonçait sa candidature à l’élection présidentielle.

La tenue d’élection est très incertaine

Si élection présidentielle il y a. «Il est clair que les conditions pour une élection apaisée sont loin d'être réunies» explique Thierry Vircoulon, chercheur associé à l’IFRI, l’Institut Français des Relations Internationales et coordinateur de l’Observatoire de l’Afrique des Grands Lacs.

Au pouvoir de la RDC depuis 2001: Joseph Kabila. Son deuxième et dernier mandat selon la constitution du pays, devait prendre fin le 20 décembre 2016. Mais le fils de l'ancien président s'accroche au pouvoir, narguant l'accord de la Saint-Sylvestre signé le 31 décembre 2016 sous l'égide de l'Église catholique, dans lequel Joseph Kabila s’engage à mettre en place des élections démocratiques et transparentes. Depuis, CENCO (la conférence épiscopale du pays) et une tranche de la population réclament la tenue d’élections.

L’analyse de Thierry Vircoulon, à retrouver dans notre podcast.

Interview de Thierry Vircoulon, coordinateur de l’Observatoire de l’Afrique des Grands Lacs

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

31 juillet 2018, 09:34