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Le 12 juin 2018 à Jinotepe au Nicaragua, un jeune avec une fronde pour lutter contre les forces de l'ordre. Le 12 juin 2018 à Jinotepe au Nicaragua, un jeune avec une fronde pour lutter contre les forces de l'ordre.  

Au Nicaragua, bâtons et sifflets contre balles réelles

Les violences s'intensifient au Nicaragua. La journée du 12 juin a été marquée par une recrudescence des combats de rue entre milices paramilitaires et opposants au régime de Daniel Ortega, qui reste sourd aux appels au dialogue, menés par la conférence épiscopale du pays.

Marine Henriot - Cité du Vatican

A Jinotepe, à 50 km de la capitale Managua, le prêtre Juan Garcia raconte à la presse qu’il a sonné les cloches de l’Église pour avertir la population, alors que des milices pro-gouvernementales attaquaient des manifestants retranchés derrière leurs barricades. La population est sortie, brandissant poêles, bâtons et sifflets pour soutenir les étudiants. Plusieurs manifestants ont été blessés par les tirs des milices pro-gouvernementales.

Une scène qui devient de plus en plus fréquente dans le pays. Au moins quatre personnes ont été tuées depuis lundi, portant le bilan à 148 morts et 1 000 blessés depuis le début des manifestations, le 18 avril, selon le Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh). Ces dernières 24 heures, les forces de sécurité se sont montrées déterminées à briser les nombreux barrages routiers qui bloquent le Nicaragua. Des milliers de camions sont stoppés sur les routes partout dans le pays, bloquant l'approvisionnement. Certains habitants, craignant les pénuries commencent à faire des stocks. 

Appel à la grêve générale

Hier soir, l’opposition, regroupée sous l’Alliance citoyenne pour la justice et la démocratie a appelé à une grève, «civique et pacifique» dit elle, qui «touchera tout le pays et toutes les activités économiques». «Nous exhortons tous les chefs d'entreprises, petites ou moyennes, ainsi que les professionnels et travailleurs indépendants à fermer leurs établissements», demande le communiqué appelant à cette grève. 

L’opposition exige aussi du président Ortega une réponse immédiate aux évêques, qui ont présenté la semaine dernière une proposition pour la démocratisation du pays. Depuis le début des manifestations en avril, l’Eglise est médiatrice dans la crise. Pour relancer le dialogue national, dont elle est garante, elle attend la réponse de Daniel Ortega, silence radio pour le moment.

Un homme qui s'attache au pouvoir

A la tête du pays depuis 2007 après un premier mandat de 1979 à 1990, l'ancien guérilléro Daniel Ortega est accusé par ses détracteurs de brider les libertés et de confisquer le pouvoir. De son côté, le dirigeant sandiniste dénonce une «conspiration de l'opposition» visant à le renverser.

Les deux mois de crise ont donné un coup de frein à l'économie, menacée de voir sa croissance amputée d'un point en 2018, selon le Conseil pour le développement entreprenarial (Copade).

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13 juin 2018, 09:48