Le président Ashraf Ghani saluant des participants au sommet de Kaboul, le 28 février 2018. Le président Ashraf Ghani saluant des participants au sommet de Kaboul, le 28 février 2018. 

Vers un cessez-le-feu en Afghanistan ?

Ce 28 février s'est tenue la conférence de Kaboul pour la paix en Afghanistan. Le président afghan, Ashraf Ghani, a proposé aux talibans des pourparlers de paix sous conditions et de reconnaître l'organisaiton comme un parti politique pour mettre fin au conflit qui ravage le pays depuis dix-sept ans.

Joris Bolomey, avec agences - Cité du Vatican

La conférence de Kaboul pour la paix en Afghanistan a réuni ce mercredi 28 février les délégations de 25 pays dans la capitale afghane. L’objectif est de trouver une issue pacifique au conflit qui dure depuis 17 ans dans le pays. Le président afghan Ashraf Ghani a proposé à cette occasion des pourparlers de paix sous conditions aux talibans. Il pose notamment comme préalable aux insurgés un cessez-le-feu et la reconnaissance de la Constitution de 2004.

«Il devrait y avoir un cadre politique à la paix. Un cessez-le-feu devrait être proclamé. Les talibans devraient être reconnus comme un parti politique et un processus de renforcement de la confiance devrait être lancé», a déclaré Ashraf Ghani en ouverture de la deuxième conférence du Processus de Kaboul. Le président afghan a également posé comme condition «le respect des droits des citoyens, en particulier des femmes, conformément à la constitution» et «le respect des forces de sécurité».

De son côté, son gouvernement s'engagerait à assurer la sécurité des talibans qui accepteraient son offre, à «considérer» leurs propositions, à lever les interdictions de voyager qui pèsent sur certains de leurs responsables et à obtenir un soutien international aux pourparlers.

Rejet du processu de Kaboul par les talibans

Mais dans un premier temps, les talibans ont semblé écarter cette offre. «Le Processus de Kaboul recherche la reddition de l'Émirat islamique (NDLR: appellation officielle du mouvement taliban) alors qu’il défait le pouvoir arrogant de l'Amérique et de ses alliés», a indiqué mardi 27 fèvrier sur Twitter, le porte-parole des talibans Zabiullah Mujahi. Le même jour, ils ont adressé un message aux États-Unis pour les inviter à des pourparlers de paix ; pour qu'ils discutent directement avec leurs représentants au Qatar, ignorant les autorités afghanes. «Le bureau politique de l'Émirat islamique d'Afghanistan appelle les responsables américains à discuter directement en vue d'une solution pacifique au problème afghan», écrivent les talibans, qui disposent depuis 2013 d'une représentation à Doha.

Le Processus de Kaboul réunit les représentants de plus d'une vingtaine de pays de la région ainsi que les Etats-Unis et l'ONU, mais pas les talibans, dans l'enceinte du ministère des Affaires étrangères en état de siège. La première réunion s'était tenue en juin 2017, sans résultat notable.

Dans un communiqué, Amnesty International a demandé aux participants du Processus de Kaboul de «mettre les civils au centre du processus» de paix, rappelant le lourd tribut payé par la population avec plus de 10 000 morts et blessés en 2017, selon l'ONU.

«Une guerre interminable»

Les insurgés talibans mènent régulièrement des attaques quotidiennes contre les forces de sécurité afghanes et les troupes étrangères. Les talibans revendiquent 472 opérations pour le seul mois de janvier, selon le centre de recherche américain TRAC (Terrorism Research & Analysis Consortium) basé à Washington. Le pays a notamment connu fin janvier une série de quatre attaques en une semaine, dont trois à Kaboul. Celle perpétrée le 27 janvier par une ambulance piégée dans une rue supposée sécurisée, avait fait plus de 130 morts et 250 blessés, en grande majorité des civils. les talibans contrôleraient actuellement près de 40% du territoire. Aujourd’hui encore, les insurgés s’en sont pris a un poste de police dans le sud du pays tuant 6 personnes, et prenant également en otage une trentaine de passagers d’un bus.

«L'Afghanistan a été complètement détruit, pas seulement matériellement, par cette guerre interminable» témoignait mardi 27 février, le père barnabite Giovanni Scalese dans L'Osservatore Romano. Il est depuis 2014 le chef de la mission "sui juris" en Afghanistan, unique avant-poste de l’Église catholique dans ce pays, où il exerce également un rôle diplomatique en tant qu’attaché à l'ambassade d'Italie.

«Les gens sont fatigués et ont peur. D'après certains signes, il semblerait que les deux parties impliquées, le gouvernement et les insurgés, se rendent compte qu'ils n'ont pas la force pour s'imposer militairement et, par conséquent, ressentent le besoin de parvenir à un accord. C'est pourquoi nous devons beaucoup prier car la situation évolue positivement», estime-t-il.

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28 février 2018, 12:25