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Le pont Simon Bolivar, entre le Venezuela et la Colombie, traversé chaque jour par des milliers de migrants. Le pont Simon Bolivar, entre le Venezuela et la Colombie, traversé chaque jour par des milliers de migrants.  

À Cucuta, l’Église à la rescousse des migrants vénézuéliens

Ces derniers mois, ils sont près de 800 000 vénézuéliens à avoir traversé la frontière pour trouver refuge en Colombie. À Cucuta, ville d’un demi-million d’habitants au bord de la frontière, le diocèse s’organise pour faire face à cette crise humanitaire et offre des premiers soins aux migrants vénézuéliens.

Marine Henriot - Cité du Vatican

À la frontière entre le Venezuela et la Colombie, la crise humanitaire prend de plus en plus d’ampleur. Des milliers de vénézuéliens arrivent quotidiennement, fuyant l’hyperinflation et les pénuries de denrées et de soins qui sont devenues légion dans leur pays.

Ces migrants arrivent en situation de grande nécessité, certains ont dans leurs mains des valises pleines de billets qui représentent leurs économies, mais cet argent une fois converti en pesos devient peau de chagrin. Ces réfugiés, (parmi lesquels des colombiens qui choisissent de revenir au pays), seraient en tout près de 70 000 à traverser quotidiennement la frontière à Cucuta.

Renforcement des contrôles à la frontière

Pour faire face à cette arrivée massive de migrants, ce jeudi 8 février, le président colombien, en déplacement à Cucuta a annoncé le déploiement 2 120 agents supplémentaires des forces de l’ordre pour contrôler les 2 200 km de frontière. Il a par ailleurs annoncé que désormais, les citoyens du Venezuela devront présenter un passeport ou une carte migratoire pour entrer en territoire colombien.

La Colombie est le premier pays touché par l’effondrement économique de son voisin, où l’inflation devrait atteindre cette année 13 000% selon le Fonds monétaire international (FMI). Il est aussi en tête des pays qui ont accentué la pression internationale sur le gouvernement du président vénézuélien Nicolas Maduro, qu’il a qualifié de «dictature». À Cucuta, Juan Manuel Santos a qualifié cette situation de «tragédie» et a appelé son homologue à accepter de l’aide internationale.

Pain et nourriture spirituelle

Dans la ville de Cucuta, cela fait maintenant deux ans que le diocèse offre une aide aux migrants vénézuéliens. À moins de cent mètres de la frontière, l’Église distribue du café, du pain et de la nourriture à l’heure du déjeuner.

Le diocèse fournit également une nourriture spirituelle. Dans la paroisse de San Pedro de la Parada se déroulent des réunions d’évangélisation et de célébration de la Sainte Messe, ainsi qu’un accompagnement personnel pour des migrants qui le désirent. Les prêtres et diacres de l'Église de Cucuta prêtent une attention pastorale au drame de la frontière. Un drame qui empire chaque jour nous confie Mgr Víctor Manuel Ochoa, évêque de Cucuta.

Mgr Víctor Manuel Ochoa, évêque de Cucuta

« La situation s’est aggravée ces derniers jours. Depuis deux semaines, le nombre de Vénézuéliens a au moins doublé. L’Eglise de Cucuta a une maison d’accueil dans la paroisse de San Pedro de la Parada. C’est une petite église qui se trouve à une centaine de mètres de la frontière. Là-bas, nous distribuons des repas chauds et nous avons aussi ouvert huit maisons de charité dans huit autres paroisses… Elles accueillent un grand nombre de Vénézuéliens et de Colombiens qui reviennent du Venezuela… On leur y donne de l’eau, du café et du pain le matin… Ils peuvent aussi aller se laver… Ensuite, on partage le déjeuner et le diner. La situation, ces derniers jours, prend vraiment de l’ampleur… Nous constatons une détérioration très importante en termes de qualité de vie des personnes qui arrivent du Venezuela… En ce qui concerne la santé, et le cas de personnes qui ont besoin d’interventions chirurgicales ou d’hospitalisation, on assiste à des drames… »

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10 février 2018, 13:27