Les Eudistes, encouragés dans leur mission par leur fondateur
Paul Boyer - Cité du Vatican
Les 100 ans de la canonisation de saint Jean Eudes sont l'opportunité de redécouvrir l'héritage spirituel de cette figure, que le Pape Léon XIV a invité à transmettre dans sa lettre aux catholiques de France. Les Eudistes organisent ainsi de nombreux événements, depuis décembre 2024 et jusqu’à janvier 2026, pour fêter non seulement la canonisation, mais aussi les 400 ans de l'ordination sacerdotale du saint le 20 décembre 1625. Un colloque sur "L’expérience spirituelle à l’école de Saint Jean Eudes" se tiendra par exemple les 17 et 18 octobre à Bogota en Colombie. Plusieurs pèlerinages sont également au programme avec le Jubilé des jeunes missionnaires eudistes du 28 juillet au 3 août à Rome, et un pèlerinage autour de la cathédrale de Saint Jean Eudes de Baie-Commeau au Québec durant la semaine de la fête du saint le 19 août. En novembre, les Eudistes célébreront également l'anniversaire de la naissance du saint.
Modèle de missionnaire
À l'occasion du 31 mai, date de la canonisation du saint, s’est tenu à Rome le conseil de la congrégation. Une manière de fêter celui que Pie XI décrira dans son homélie de la messe de canonisation comme «le modèle des prédicateurs et des missionnaires: ils comprendront à son école que leur éloquence ne doit pas être celle qui chante aux oreilles, mais celle qui gagne au Christ les cœurs». D’après le père Jean-Michel Amouriaux: «Jean Eudes peut nous réveiller pour aller à la rencontre des populations pour leur porter la bonne nouvelle […]. Il ne restait pas chez lui […] mais partait sur les chemins, allait directement à la rencontre des gens, là où ils vivaient».
Prêtre français né en 1601, saint Jean Eudes marque dès son enfance par sa piété: «"À l'âge de 12 ans, j'ai commencé à connaître Dieu" dit saint Jean Eudes. C'est une expression que j'aime beaucoup», témoigne le père Amouriaux, «car cela montre qu'il a une expérience spirituelle jeune, ou de jeune adolescent. Ça nous dit que les jeunes, les enfants, les adolescents ont des expériences spirituelles et que notre responsabilité, c'est de leur permettre de la vivre et de l'accompagner». Il entre d’abord dans la congrégation de l’Oratoire à 22 ans, et fonde en 1643 la Congrégation de Jésus et de Marie ou «Eudistes» pour former le clergé, et ouvre un séminaire à Caen.
Aujourd’hui, les Eudistes sont présent dans 19 pays. Prêtres vivant en communauté, ils répondent à une double finalité: «collaborer à l’œuvre de l’évangélisation et à la formation de bons ouvriers de l’Évangile» (Constitutions, n°10). Ainsi, le charisme des Eudistes est marqué par la formation comme le souligne le supérieur des Eudistes: «saint Jean Eudes dit que la vie chrétienne est la formation intérieure de Jésus en soi, reprenant en cela la lettre au Galates, où Paul dit qu'il forme le Christ dans le cœur des disciples.» La mission des Eudistes -développe le père Amouriaux- est donc de «former le Christ à travers la prédication, l'approfondissement de la vie chrétienne, la formation [...] dans les séminaires, mais aussi dans les paroisses, non-pas dans un sens académique ou strict, mais d'abord à la formation à l'expérience spirituelle de la formation du Christ en soi».
Homme de miséricorde
Le saint homme a écrit des livres de spiritualité et a diffusé la dévotion liturgique aux Cœurs de Marie puis de Jésus. «C'est intéressant d'avoir d'ailleurs ce rapport historique entre l’intuition de célébrer le Cœur de Jésus, et puis l'expérience mystique qui va suivre à Paray-le-Monial» entre 1673 et 1675, souligne le supérieur des Eudistes.
Saint Jean Eudes fut aussi une figure de miséricorde par la fondation en 1634 d’une congrégation féminine particulièrement vouée à cela: «saint Jean Eudes a écrit sur la miséricorde [...] Lui-même a expérimenté la miséricorde en allant au plus près des pestiférés, des prisonniers, et auprès des femmes qui étaient laissées dans la rue, pour pouvoir fonder le refuge Notre-Dame de Charité», explique le père Amouriaux. Saint Jean Eudes a voulu que cette congrégation féminine, présente aujourd’hui dans 71 pays, fasse un quatrième vœux en plus de la pauvreté, de la chasteté et de l’obéissance «le vœu de zèle pour le salut des âmes, le zèle apostolique, c’est-à-dire de se consacrer entièrement aux soins des personnes qui leur sont confiée», précise le supérieur des Eudistes.
Par l’organisation de ce jubilé, la congrégation des Eudistes cherche ainsi, selon les mots du père Amouriaux, à mettre en avant chez son fondateur «son expérience de disciple du Christ», et à «renouveler notre joie d'être Eudistes».
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