La Cenco invite les Congolais à adhérer au processus du Pacte social pour la paix
Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican
«La paix est une priorité absolue». C’est en ces termes que les membres de la Cenco ont réitéré une fois de plus leur engagement face à la crise sécuritaire qui ne cesse de s’accentuer. Le message des évêques a été rendu public au cours d'une conférence de presse vendredi 16 mai par le secrétaire général de la Cenco, Mgr Donatien Nshole.
Dans leur message, les évêques congolais disent apprécier à leur juste valeur les efforts diplomatiques déployés par le président de la République ainsi que les moyens consentis par le gouvernement pour l’unité et la stabilité du pays. Ils reconnaissent également le bien-fondé et la valeur de différents pourparlers internationaux menés dans l’objectif de ramener la paix.
Cependant, au regard de la guerre et des conflits intercommunautaires commencés depuis plusieurs années, qui endeuillent régulièrement la RDC, les prélats déplorent la perte des milliers de vies humaines, des cas de viols et des déplacements massifs des populations, tout en condamnant sévèrement leurs auteurs. Ils invitent donc les acteurs politiques à «mettre de côté [leurs] luttes pour la conquête ou la conservation du pouvoir afin de réfléchir objectivement sur un projet de société qui va ramener la paix entre les Congolais».
Promouvoir des activités minières au service du développement intégral
Le message des évêques est surtout un plaidoyer pour le «Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs». Une initiative de la Conférence des évêques catholiques et des Églises protestantes en vue d’une paix durable dans le pays. Au moment où le pays a plus besoin d’être uni et de renforcer la cohésion nationale, les prélats déplorent le fait d’assister à une grande crispation du climat politique. En effet, «les consultations pour la formation d’un gouvernement d’union nationale avec pour objectif la décrispation du climat politique sont faites dans un environnement difficile ne permettant pas d’atteindre les résultats escomptés».
A l’instar de beaucoup de leurs compatriotes, les Cenco dit être circonspecte sur les négociations et les partenariats relatifs à l’exploitation des ressources naturelles du pays, en particulier des minerais stratégiques. Ainsi, martèlent-ils, «nous devons nous assurer que les activités minières conduisent au développement intégral de chaque congolais et de tout le pays».
S’engager pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la Région des Grands Lacs
Par ailleurs, sur le plan de la justice et des droits humains, malgré les interpellations du Chef de l’État relatives au fonctionnement du système judiciaire et la tenue des États Généraux de la Justice, les prélats regrettent que celle-ci continue à être manipulée par les plus forts. En plus, ajoutent-ils, «les scandales étalés au grand jour dans le traitement des contentieux électoraux sont malheureusement restés impunis jusqu’à présent, sans oublier des cas de spoliations des terrains, dont l’Église catholique est aussi victime, qui sont devenus davantage une pratique courante».
En outre, les moyens consentis par le gouvernement pour répondre à l’effort de guerre impactent négativement l’économie du pays et affectent la vie des Congolais, surtout ceux de l’Est du pays. Ainsi, conscients du danger que court la RDC et dans le souci de préserver l’ordre constitutionnel, «nous proposons conjointement avec l’Ecc, l’initiative du Pacte social. Par conséquent, engageons-nous pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la Région des Grands Lacs».
«Notre priorité, c’est la paix!»
La Cenco rappelle dans son message que cette initiative est une «réponse citoyenne» aux crises récurrentes que le pays traverse depuis son accension à l’indépendance. «C’est un processus de paix qui a pour vocation de mobiliser le peuple congolais afin de combattre tout ce qui entrave son développement et son bien-être intégral», expliquent-ils. De ce fait, les évêques soulignent que le forum national ne doit pas être réduit à un espace de partage du pouvoir.
«Il s’agit d’abord, précisent-ils, de relire notre histoire commune avec l’aide des experts scientifiques et savants congolais, en vue de dégager les causes profondes des crises récurrentes. Ensuite, les résultats des ateliers scientifiques serviront de socle du forum du consensus national dont le contenu n'est pas préétabli, pour enfin négocier la tenue d’une conférence internationale pour la paix dans la Région des Grands Lacs».
Réfléchir sur un projet de société ayant à cœur la paix et la coexistence pacifique
À la lumière du Pape Léon XIV qui rappelle que ce sont ceux qui sèment la paix qui passeront à la postérité, et pas ceux qui font des victimes, les membres de la Cenco ont fait quelques recommandations à plusieurs niveaux. Au président de la République, les évêques lui demandent de «faire confiance à vos Pères spirituels en facilitant la mise en œuvre de cette initiative».
Aux acteurs politiques, l’invitation est celle de «mettre de côté vos luttes pour la conquête ou la conservation du pouvoir afin de réfléchir objectivement sur un projet de société qui va ramener la paix et fonder le bien-vivre ensemble entre les Congolais». Et cela, en encourageant à développer le dialogue comme mode de résolution des conflits. La Cenco a également exhorté les Organisations de la Société civile, aux chercheurs et toutes les autres dynamiques nationales et communautaires, «à s’engager à contribuer, par vos recherches et analyses, à la production des feuilles de route fiables et viables lors des ateliers des citoyens, en mettant à la disposition de la Nation les fruits de vos expertises».
Enfin, à la Communauté internationale, c’est le vibrant appel mémorable du Pape François lors de son voyage apostolique en RDC, en 2023, que les membres de la Cenco ont réitéré: «Retirez vos mains de la RDC(…). Elle n’est pas une mine à exploiter, ni une terre à dévaliser». «Nous reconnaissons que les biens de la terre ont une destination universelle, mais la priorité revient aux Congolais à qui Dieu les a confiés», insistent-ils.
Demeurer dans l’espérance de retrouver l’intégrité nationale
S’adressant au terme de leur message au peuple congolais, les évêques les ont invités à s’approprier cette initiative en demeurant vigilants, sans se laisser manipuler par ceux qui militent pour leurs intérêts personnels au détriment de la Nation. Se tournant particulièrement vers leurs frères et sœurs du Nord-Kivu, Sud-Kivu et de l’Ituri, la Cenco, tout en les rassurant de leurs ferventes prières, les exhortés «à ne pas perdre l’espérance de retrouver l’intégrité de notre pays et de vivre dans le respect de la dignité humaine».
À la veille donc des 65 ans de l’indépendance de la RDC et de la béatification de Floribert Bwana Chui Bin Kositi, qui aura lieu le 15 juin à Rome, les évêques convient les fidèles à une neuvaine de prière, du 6 au 15 juin 2025, afin d’implorer la grâce divine pour l’aboutissement heureux de l’initiative du «Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la Région des Grands Lacs».
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