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L’Assomption: être à école de la Vierge Marie

L’Eglise célèbre la solennité de l’Assomption chaque 15 août. Pour le père Hyppolite Agnigori, fêter cette exaltation de la Vierge, revient à regarder Marie comme une chrétienne accomplie, en qui la grâce de Dieu s’est manifestée. C’est aussi se mettre à l’école de la Mère de Dieu, car cette célébration est riche en enseignements pour les chrétiens, a souligné le prêtre ivoirien.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

Le 1er novembre 1950, le Pape Pie XII proclamait comme dogme, dans la constitution apostolique Munifentissimus Deus, que la Vierge Marie, « à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste ». Cette vérité de foi était connue de la tradition et affirmée par les Pères de l’Eglise. C’était un aspect important du culte rendu à la Vierge, la Mère du Christ. Cet aspect cultuel détermina la « force motrice » de la définition de ce dogme, a fait savoir, dans une interview accordée à Vatican News, le père Hyppolite Agnigori, curé de la paroisse Saint Jean à Abidjan Cocody, en Côte d’Ivoire; et professeur d’histoire de l’Eglise et de patrologie à l’Institut de Théologie de la Compagnie de Jésus (ITCJ), à Abidjan.

Marie, une personne accomplie en qui la grâce de Dieu s’est manifestée

Le dogme, a poursuivi le prêtre ivoirien, apparait ainsi comme un acte de louange et d’exaltation à la louange de la Sainte Vierge. Pour les fidèles chrétiens, célébrer aujourd’hui l’Assomption de la Vierge Marie « revient d’abord à la regarder non comme une personne de la Trinité mais comme une personne accomplie en qui la grâce de Dieu s’est manifestée ». Cela consiste aussi à remercier Dieu qui accorde à sa servante la grâce de la glorification. Cette célébration traduit ainsi, « en sourdine », la valeur de l’être humain devant Dieu.

Marie a vécu dans une fidélité exemplaire l’attente de la promesse faite à Israël et en fait le contenu de sa prière. Dans le Magnificat, elle a fait sienne la parole de Dieu, au point de se rendre disponible à accueillir également en son sein le Verbe de Dieu fait chair. En elle, tous les chrétiens peuvent se voir, raison pour laquelle la ferveur qui sous-tend l’Assomption est la joie de voir une de leurs portée sur l’échiquier de la glorification. Pour les chrétiens, savoir que Marie est, non seulement une personne divine mais aussi une humaine glorifiée par Dieu lui-même, évitera de tomber dans la «mariôlatrie» qui est une forme d’idolâtrie, a fait observer le père Agnigori.

Être à l’école de la Vierge. Ce que nous enseigne l’Assomption

« Désormais toutes les générations me diront bienheureuse ». Pour le curé de la paroisse Saint Jean de Cocody, cette phrase de Marie, rapportée par saint Luc, est une prophétie pour toute l’histoire de l’Eglise. Elle indique que la louange rendue à la Mère de Dieu, intimement liée au Christ son Fils, concerne aussi l’Eglise de tous les temps et de tous les lieux ; car « elle présuppose que la glorification de Marie existait déjà à l’époque de saint Luc et était considéré comme un devoir et un engagement de la communauté chrétienne vis-à-vis de toutes les générations ».

Pour le père Agnigori, l’Assomption, qui est différente de l’Ascension du Christ, est pleine d’enseignement pour les chrétiens.

Tout d’abord, elle nous dit que la Marie n’est pas Dieu. Le terme Assomption, qui apparut lors du Concile de Mayence en 1813, évoque la racine du verbe latin assumere, qui se traduit par «porter, élever avec une aide évidente, vers un sommet précis». Ceci exprime que ce mystère est lié aux grâces que Dieu a voulues lui accorder par les mérites de son divin Fils. De ce premier enseignement en découle d’autres, dont le prêtre ivoirien a fait une exposition.

Marie, femme de prière, d’écoute et d’action

Ainsi, en deuxième lieu, par l’Assomption, « nous pouvons voir qu’en Dieu, il y a de la place pour l’homme ». En allant au Ciel, Marie ne s’éloigne pas des humains, car elle participe de la présence de Dieu et reste proche de ceux dont elle partage l’humanité. Troisièmement, a poursuivi le père Agnigori, la Vierge Marie est l’Immaculée Conception, « cela traduit le fait que si en Dieu il y a de la place pour l’homme, en l’homme aussi il y a de la place pour Dieu. Cela se voit aussi en Marie, qui est l’arche sainte qui porte la présence de Dieu ». Pour le prêtre ivoirien, cette présence de Dieu en nous, importante pour illuminer le monde dans sa tristesse et dans ses problèmes, se réalise dans la foi, à travers la prière notamment. Marie est Virgo orans (Femme de prière), Virgo offerens (qui offre son corps) et Virgo pariens (qui obéit à la parole de Dieu) comme l’a manifesté saint Paul VI dans Marialis Cultus (1974). Ceci traduit toute la praxis fidei de la Vierge, qui est croyante dans son cœur et son agir, a souligné le théologien ivoirien.

L’Assomption met en évidence la valorisation du corps humain

Le quatrième enseignement de l’Assomption, a indiqué le père Agnigori, met en évidence que Marie est perpétuellement vierge ; une pureté virginale qui l’a libérée de toute dégradation corporelle, elle qui, par l’Esprit Saint, a conçu le Christ dans ses entrailles, selon la parole de l’Ange. En cinquième lieu, cette solennité nous enseigne que « Marie est la nouvelle Ève, en elle le serpent a été vaincu. Pour cela elle est enlevée au ciel pour partager la gloire de celui qu’elle a porté ». Lié à ce dernier, a indiqué le prêtre ivoirien, le sixième enseignement nous confirme que Marie est la Mère du Ressuscité. Cela étant, elle est liée à son divin Fils, premier né d’entre les morts. Enfin, l’Assomption de la Vierge met en évidence la valorisation du corps humain, comme nous le professons dans le Credo : « nous croyons en la résurrection de la chaire ». Être à l’école de Marie signifie ainsi s’ouvrir à Dieu et lui faire confiance, a déclaré le père Agnigori.

Une solennité vécue avec ferveur

En Côte d’Ivoire, l’Assomption se vit avec beaucoup de ferveur, à travers des pèlerinages et des veillées organisés dans différentes paroisses ; et les chrétiens bénéficient de nombreux enseignements, a révélé le curé de la paroisse Saint Jean d’Abidjan Cocody. Cette ardeur se manifeste aussi dans des signes extérieurs, comme les pagnes portant l’effigie de la glorification de la sainte Vierge Marie. Le même enthousiasme autour de cette célébration se vérifie dans d’autres pays africains, où Marie est vénérée comme la Mère de Dieu, a rapporté le prêtre ivoirien.

La dévotion mariale et la reconsidération des valeurs

La dévotion mariale, qui se traduit par la foi, la prière et l’obéissance à la parole Dieu, édifie le peuple de Dieu en Afrique sous l’angle de la reconsidération des valeurs, a constaté le père Agnigori. Elle inculque au peuple de Dieu en Afrique une reconsidération des valeurs ecclésiales et une croissance au niveau spirituelle. Elle « édifie le peuple de Dieu en établissant une connexion entre la foi vécue à l’Eglise et hors de l’Eglise ». Cette édification, en Côte d’Ivoire, se traduit par la présence de nombreux groupes à caractère marial, qui cherchent à appliquer l’exemple de la Vierge dans le concret de leur vie.

Le modèle de Marie est aussi un appel à la conversion permanente pour tous, et doit porter particulièrement les africains sur le chemin de la justice et de la recherche incessante du bien commun en vue de la paix sur le continent, a encore déclaré le père Agnigori.

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15 août 2022, 14:06