En Colombie, l’Église invite le nouveau président à la réconciliation

James Blears et Devin Watkins – Cité du Vatican

Gustavo Petro est devenu le premier président colombien de gauche, en remportant le poste suprême à sa troisième tentative. Il a obtenu 50,4 % des voix, tandis que le candidat indépendant Rodolfo Hernandez, âgé de 77 ans, en a recueilli 47,27 %. Malgré un score serré, Rodolfo Hernandez s'est rapidement et gracieusement désisté, offrant ses félicitations et ses meilleurs vœux au nouveau chef d’État.

Une transition sans heurts

La participation a atteint 58 %. Comme lors du premier tour, aucun incident majeur n'est venu perturber le vote, où l'insécurité est pourtant grande en raison à la fois des guérillas résiduelles et de l'impact du narcotrafic.

Le président sortant Ivan Duque, qui avait battu Petro la dernière fois, a accepté de le rencontrer dans les prochains jours pour discuter d'une transition efficace et sans heurts.

Dans sa jeunesse, Gustavo Petro, 62 ans, était membre de la guérilla du M19. Il a été arrêté, emprisonné, puis amnistié. Ancien maire de la capitale, Bogota, et actuellement sénateur, il va désormais gouverner l'ensemble du pays. Lors de l'élection, il a promis de s'attaquer à la corruption, de réformer les impôts, d'améliorer les retraites et d'instaurer la gratuité des études dans les universités publiques.

En effet, la pauvreté et les inégalités en Colombie se sont accrues, surtout depuis la crise sanitaire liée au Covid-19.

Message des évêques

L'archevêque de Bogota, Mgr Luis José Rueda Aparicio, a pris la parole sur les réseaux sociaux dimanche soir pour affirmer la volonté de l'Église de «continuer à lutter pour la paix, la réconciliation et la fraternité entre tous les Colombiens».

Dans une vidéo publiée sur Facebook, le président de la Conférence épiscopale colombienne a félicité Gustavo Petro pour sa victoire électorale. «Au président élu, Gustavo Petro, et à la vice-présidente élue, Francia Márquez, nous souhaitons le meilleur succès à tous les Colombiens et à nous-mêmes en tant qu'Église», a-t-il déclaré, souhaitant «qu'ils aient la sagesse de Dieu pour conduire les destinées de l'histoire de la Colombie».

Un processus démocratique responsable

Mgr Rueda Aparicio a félicité tous les Colombiens qui ont voté pour avoir mené à bien un «effort démocratique responsable et mûr qui témoigne de l'amour de la Colombie.»

«Il y a beaucoup de choses à corriger dans une campagne comme celle que nous venons de vivre», a-t-il ajouté. «Nous avons tiré de nombreuses leçons sur des choses qui ne doivent pas être répétées. Mais il est également important que nous regardions le présent et l'avenir de la Colombie, tout en continuant à lutter et à travailler pour la vie, la paix et le développement humain intégral.»

À de nombreuses reprises au fil de la campagne électorale, l’épiscopat colombien a vivement encouragé tous les Colombiens à participer activement et consciemment au scrutin, pour «renforcer le système démocratique et contribuer à la construction d'un pays meilleur».