Les familles du massacre de Ballymurphy le 14 juillet dernier. Les familles du massacre de Ballymurphy le 14 juillet dernier. 

Une messe pour les «disparus» du conflit en Irlande du Nord

À l’occasion du dimanche des Rameaux, le Primat de toute l'Irlande, Mgr Eamon Martin, a lancé un appel pour obtenir des informations sur les victimes qui ont disparu pendant le conflit nord-irlandais, connu sous le nom de «The Troubles», qui s'est déroulé entre la fin des années 1960 et la fin des années 1990 et a fait plus de 3 000 morts.

Anna Poce - Cité du Vatican

Dimanche dernier dans la cathédrale Saint-Patrick, l’archevêque d'Armagh a célébré la messe annuelle pour les «disparus» - les personnes qui auraient été enlevées, assassinées et enterrées secrètement en Irlande du Nord pendant la période dite des «Troubles». Mgr Eamon Martin a rappelé la condamnation injuste subie par Jésus et son faux procès. Le prélat a souligné qu'aujourd'hui encore, la scène se répète tristement, faisant référence à ceux qui sont «soumis à des emprisonnements injustes, à des campagnes de diffamation et à des attaques simplement pour s'être exprimés ou pour avoir participé à des manifestations pacifiques ; ceux qui sont considérés comme une menace par des gouvernements puissants ou des dictateurs ; ceux qui ne cherchent qu'à dénoncer la corruption, à exercer leurs droits ou à protéger leurs libertés et qui sont confrontés à des accusations forgées de toutes pièces, à de faux emprisonnements, à la torture ou même à la mort».

Quand la vengeance et la terreur corrompent l'âme

Au cours de la célébration eucharistique, le Primat de toute l'Irlande a rappelé la douleur ressentie à la suite de procès inéquitables, de condamnations secrètes, d'exécutions sommaires et de vérités cachées. «Jusqu'à présent, a-t-il déclaré, on a recensé 19 cas connus de personnes enlevées, tuées et enterrées secrètement pendant la période des «Troubles», mais il est probable qu'il y en ait davantage» ; les familles sont confrontées «à l'agonie supplémentaire de ne pas savoir où leurs proches sont enterrés et pourquoi et comment ils ont été enlevés». Une détresse que vivent également les familles ukrainiennes ces derniers jours, comme le montrent les scènes choquantes en provenance du pays en guerre. Des images - a expliqué le prélat - qui «nous font comprendre combien notre monde peut être cruel lorsque le conflit, le meurtre, la vengeance et la terreur corrompent l'âme et font oublier l'amour».

Mgr Martin a souligné combien les familles et amis des personnes disparues, réunis dimanche pour ce rassemblement annuel, viennent de cultures et de milieux différents, mais combien ils sont «tous unis par la compassion et l'expérience commune de la perte, des questions sans réponse et de la douleur non résolue». Ce partage, leur témoignage d'empathie et de solidarité ne permet pas à l'espoir de mourir et au mal d'avoir le dernier mot, a affirmé le prélat.

Parler pour mettre fin à l’angoisse des familles

L’archevêque d'Armagh a conclu son homélie par un appel lancé à «ceux qui peuvent aider dans les cas de Lisa Dorrian, Joe Lynskey (qui n'a toujours pas été retrouvé après 50 ans), Seamus Maguire, Columba McVeigh et Robert Nairac», afin que l'attente angoissante de leurs familles «puisse être abrégée et que ceux qui restent introuvables puissent enfin avoir une sépulture chrétienne».

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11 avril 2022, 17:01