Un brassard d'un combattant de l'ELN. Image d'illustration. Un brassard d'un combattant de l'ELN. Image d'illustration.  

Grève armée en Colombie, l’appel des évêques

Alors que l’ELN (l’Armée de libération nationale), la dernière guérilla active de Colombie, cherche à bloquer le pays au cours d'une grève armée, les évêques du pays se mobilisent une nouvelle fois pour demander le dialogue et des efforts du pouvoir colombien pour protéger ses concitoyens.

Vatican News - avec agences

«L'Église de Colombie demande à ELN d'abandonner la voie de la violence et de montrer des signes constants de réelle volonté de dialogue. Nous attendons de l'État colombien qu'il fournisse une protection efficace et complète aux territoires affectés et qu'il reconnaisse l'aggravation du conflit», peut-on lire dans la déclaration de la Conférence épiscopale colombienne publiée jeudi 24 février sur leur site internet

L'appel a été lancé au lendemain du début de la grève nationale armée de 72 heures de l'ELN, l’Armée de libération nationale. Un mouvement de protestation «Contre Duque et son mauvais gouvernement» à partir de mercredi 23 février, peut-on lire dans un communiqué de la dernière guérilla active de Colombie, diffusé sur WhatsApp et Telegram. L'ELN menace souvent de restreindre la mobilité des personnes au sein de ses zones d'influence, mais le fait rarement au niveau national. «La population ne pourra se déplacer» que pour «des enterrements ou des urgences hospitalières», a ajouté l'ELN, en lançant un avertissement contre «les véhicules qui n'obéiraient pas à l'ordre d'arrêt».

Depuis le désarmement des FARC marxistes, l'ELN guévariste est considérée comme la dernière guérilla constituée comme telle encore active en Colombie, où sévissent cependant encore de nombreux autres groupes armés, comme les dissidents des FARC, qui se disputent par ailleurs le contrôle du juteux trafic de drogue. Principalement active dans les régions frontalières du Venezuela et dans la région du Cauca (sud-ouest), l'ELN compte 2 450 combattants, estime Indepaz, un groupe de réflexion colombien indépendant.

«Nous demandons à la société civile, continue le communiqué des évêques colombiens, un engagement démocratique décisif qui nous permettra de construire un pays meilleur, sans violence et avec une justice sociale. Nous exigeons que l'ELN et tous les groupes armés respectent le droit humanitaire international et réfléchissent aux multiples conséquences qu'ils causent à notre pays, le précipitant vers un absurde fleuve de sang et de haine».

Recrudescence des violences en 2021

Selon un rapport du Bureau des affaires humanitaire de l’ONU (OCHA) partagé mardi 22 février, près de 73 000 personnes ont été déplacées par les violences en Colombie en 2021, soit une augmentation en flèche de 181%, selon l'ONU.

La Colombie connaît une grave recrudescence des violences des groupes armés dans les régions reculées du pays : dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxiste) qui rejettent l'accord de paix, l'ELN , héritiers des groupes paramilitaires démobilisés en 2006, et autres groupes de narcotrafiquants comme le Clan del Golfo.

Toujours en 2021 selon l'OCHA, 65 600 personnes ont dû se confiner pour échapper aux violences. Et 85 700 personnes ont été soumises à des restrictions de mouvements ou d'accès aux services de base du fait des couvre-feux ou autres règles imposées par les mêmes groupes armés. 67,5% des personnes forcées de se confiner étaient des indigènes, et 18% des Afro-Colombiens.

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26 février 2022, 13:04