Des soldats Ethiopiens dans la région du Tigré, où la violence du conflit a provoqué la migration de dizaines de milliers d'habitants, le 30 juin 2021. (Yasuyoshi Chiba/AFP) Des soldats Ethiopiens dans la région du Tigré, où la violence du conflit a provoqué la migration de dizaines de milliers d'habitants, le 30 juin 2021. (Yasuyoshi Chiba/AFP) 

À Djibouti, une situation alarmante pour les mineurs non accompagnés

Dans un rapport publié le 18 février, l’organisation de la Caritas Italienne alerte sur la situation des mineurs non accompagnés dans l'État africain de Djibouti. Le nombre d'enfants et d'adolescents migrants a augmenté de 50% depuis les années 1990, révèle le rapport, à la veille de la Journée mondiale de la justice sociale.

Claire Riobé - Cité du Vatican

Djibouti, petit État d'un million d'habitants enclavé entre l'Éthiopie et la Somalie, représente un carrefour de flux migratoires dans la Corne de l'Afrique. Situé à proximité de la péninsule arabique, environ 12% de sa population est aujourd’hui composée de migrants, considérés comme illégaux. À ce chiffre s'ajoute le flux de 150 000 hommes, femmes et enfants migrants, en transit dans le pays chaque année. 

Dans son rapport publié à la veille de la Journée mondiale de la justice sociale, la Caritas Italienne alerte sur les conditions d’extrême pauvreté des mineurs non accompagnés qui gonflent les rues du pays. La situation de ces enfants migrants, qui vivent au jour le jour et loin de toute structure, est particulièrement préoccupante, avertit Caritas. 

 «Ces jeunes sont poussés par les récits, souvent faussés, de d’autres jeunes de leur âge»

Les mineurs non accompagnés présents à Djibouti sont à majorité originaires de Somalie, d’Erythrée, d’Ethiopie et du Yémen. S’il n’existe que très peu de données officielles sur leur nombre exact, une enquête menée par l’Organisation Internationale de la migration (OIM), faisait état de 1137 mineurs sans famille ou tuteur dans le pays en 2016.

La situation de ces enfants migrants est particulièrement préoccupante dans un contexte de conflits dans la région, avertit Caritas. Âgés en moyenne de 10 à 15 ans, la plupart ont abandonné leur foyer, tentant de s’extraire de la misère ou de difficultés familiales. Ils sont «poussés par les récits, souvent faussés, de d’autres jeunes de leur âge de retour de Djibouti», déplore Caritas, et tentent ensuite d’envoyer de petites sommes à leurs familles restées au pays.


Par ailleurs, alerte l'organisation, l'absence de membre de la famille et de logement stable font de ces enfants migrants les premières victimes de la rue. Outre les risques de violence et d’abus, ces mineurs souffrent généralement de malnutrition en raison de leurs faibles revenus, et s’exposent aux maladies respiratoires et à de graves infections. Les mineurs non-accompagnés, puisqu'ils ne sont pas enregistrés auprès des agences gouvernementales, vivent enfin dans une situation juridique particulièrement précaire. 

Sur place, la Caritas Djibouti a progressivement renforcé ses projets d’assistance aux enfants des rues ces dernières années au sein de différents diocèses, accentuant ses efforts sur l'aide alimentaire et un accès aux soins médicaux et à l’éducation.

Une augmentation de 50% depuis les années 1990

Selon les chiffres révélés par le rapport de Caritas, le nombre de mineurs non accompagnés a augmenté de 50% à travers le monde ces dernières décennies, passant d’environ 24 millions dans la période 1990-2000 à 36 millions en 2020. La question des mineurs non accompagnés s’est ainsi imposée comme une priorité et un point d'attention particulier pour les organisations internationales. 

Selon le Pew Research Center, entre 2020 et 2021, 91% de la population mondiale s’est trouvée dans un espace géographique où des restrictions d’entrée et de sorties du territoire ont été imposées. Sur cette même période, 39% de la population vivaient dans des pays où les frontières ont été complètement fermées aux étrangers. La pandémie de Covid-19 a ainsi eu une influence directe sur les flux de migrations dans le monde ces deux dernières années, et impacté la prise en charge des adolescents et enfants migrants. 

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

19 février 2022, 08:57