Sœur Véronique Margron, présidente de la Corref. Sœur Véronique Margron, présidente de la Corref.  

Sœur Margron: l’Église doit se pencher sur la réparation de l’irréparable

Après la publication du rapport Sauvé, sœur Véronique Margron, présidente de la Corref, espère une refondation de la gouvernance des institutions de l’Église afin de maximiser la vigilance au sujet des abus.

Hélène Destombes – Cité du Vatican

Après 32 mois d’enquête, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église a présenté son rapport ce mardi 5 octobre à Paris, livrant une estimation de 216 000 personnes victimes d’abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres et religieux catholiques en France depuis 1950.

L’Évangile trahi

«C’est une trahison de l’Évangile, il y a quelque chose presque de l’ordre de l’impensable», relève d’emblée la présidente de la Corref, confiant «être effondrée et atterrée» face «à ce peuple de vies brisées».

Selon la religieuse dominicaine, la parution du rapport représente un tournant déterminant. Il y aura un avant et un après rapport de la Ciase, exposé «en toute transparence». Autre caractéristique de ce tournant, le fait que les victimes soient au cœur du rapport, «leur douleur est partout, de même que leur expertise». 

 

«Le caractère systémique est terrifiant: c’est un peuple qui est brisé, toutes les institutions n’ont pas pu, su, voulu empêcher cela», déplore-t-elle. «C’est une tragédie à l’intérieur de la tragédie».

L’aveuglement des personnes

Sur le front des recommandations, sœur Véronique Margron les juge toutes essentielles. «La figure du prêtre, son caractère d’autorité sacrée a participé à l’aveuglement des proches, des parents ou religieux et religieuses», note-t-elle, vilipendant la sacralisation excessive.

Quant à la question de la gouvernance, elle est à repenser. La présidente de la Corref souhaite plus d’instances de contrôles afin d’empêcher l’entre-soi, pour qu’il y ait le plus d’altérité possible, car elle seule permet la vigilance.

Réparer l’irréparable

«Devant une telle catastrophe, il faut commencer par se taire, se recueillir profondément, s’abaisser, s’humilier. Ensuite, il nous faut seuls, ensembles, lire ces recommandations. Et nous verrons quelles choses nous proposeront au vote lors de notre assemblée générale de novembre prochain à Lourdes, en particulier sur la justice réparatrice et de réparation de l’irréparable», conclut enfin la théologienne.

Entretien avec sœur Véronique Margron, présidente de la Corref

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06 octobre 2021, 11:44