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Survivants au séisme du 14 août à Les Cayes, le 23 août dernier. Survivants au séisme du 14 août à Les Cayes, le 23 août dernier. 

Haïti : l’appel au secours de l’Église et de Caritas

Plus d’un mois après le séisme qui a frappé le Grand Sud, Haïti peine à se relever et à sortir de l’état d’urgence. L’Église et la Caritas locales ont encore besoin d’une aide immédiate et auront besoin d’un soutien sur le long terme pour ramener un peu d’espoir à une populations meurtrie.

Xavier Sartre – Cité du Vatican

«Je lance un appel à toutes les Caritas et à toutes les Église sœurs ainsi qu’aux hommes et aux femmes de bonne volonté pour nous aider à sortir de cette situation catastrophique que nous vivons. La pauvreté fait rage et cette catastrophe ne fait qu’ajouter des drames. Nous avons besoin d’une aide urgente et substantielle» : le cardinal Chibly Langlois, évêque des Cayes, dans le Grand Sud d’Haïti, s’exprimait lors d’une réunion organisée en ligne ce mardi par Caritas Internationalis sur le travail de Caritas et de l’Église aux côtés de la population haïtienne après le séisme du 14 août dernier.

Ce tremblement de terre d’une magnitude de 7,2 sur l’échelle de Richter a causé la mort de 2246 personnes, en a blessées plus de 12 000, sans compter les 329 disparus. Du point de vue matériel, là aussi «le bilan n’est pas encourageant» comme l’a remarqué le père Jean-Hervé François, directeur national de Caritas Haïti : 3470 maisons endommagées, 3815 totalement détruites, 171 écoles détruites et 150 églises, chapelle ou structures ecclésiales écroulées, dont l’évêché des Cayes.

L’urgence n’est pas finie

Plus d’un mois après, l’heure est toujours à l’urgence tant les difficultés sont nombreuses. Et «l’Église se trouve en première ligne» comme l’affirme le cardinal Langlois. Dans une région enclavée, qui se retrouve isolée, où les institutions étatiques et les grandes ONG sont absentes, l’Église représente le plus souvent l’unique espoir pour des populations désemparées. Frappés par la violence des gangs qui «empêchent les gens de circuler normalement, qui les rançonnent et bloquent le passage vers le Grand Sud», et souffrant de pauvreté depuis longtemps, les sinistrés sollicitent l’Église et lui font confiance, poursuit l’évêque des Cayes.

 

«L’Église est aussi en première ligne en tant que victime» précise le cardinal dont l’évêché n’a pas pu résister aux secousses. Victimes car des prêtres et des religieuses ont trouvé la mort le 14 août sous les décombres ou parce que des membres du clergé subissent eux aussi la violence des gangs qui n’hésitent pas à s’en prendre à eux.

Des populations encore plus vulnérables

Le drame de ce dernier tremblement de terre est qu’il vient accentuer une situation de grande vulnérabilité de la population du Grand Sud, précise le directeur de Caritas Haïti. 100 000 familles n’ont pas de logement et sont contraintes de survivre au grand air, dans les rues ou les terrains vagues. Pour l’instant, il n’y a aucun moyen de reconstruire des logements. Et globalement, les conditions de vie des survivants ne sont guère brillantes : les systèmes de captage d’eau ont été détruits ou sont endommagés. Sans compter que l’accès aux services sociaux est plus que difficile, de nombreux dispensaires n’étant plus en mesure d’accueillir quiconque.

Outre le logement, l’alimentation est un grand défi : plus de deux millions de personnes auront des difficultés jusqu’au premier trimestre 2022 pour se nourrir. 320 000 autres sont, elles, déjà en situation d’urgence alimentaire. C’est sans compter l’augmentation des violences sexistes et sexuelles sur les femmes, ajoute le père François.

Difficulté d’établir un plan d’action

Face à ce sombre tableau, le directeur de Caritas Haïti se trouve face à un dilemme : maintenir l’aide humanitaire d’urgence ou passer à une seconde phase qui permettrait d’investir sur des activités de subsistance. Caritas Internationalis aimerait qu’un plan d’action et un budget pour actionner la solidarité avec les autres Caritas nationales soit défini, mais l’heure est encore à l’évaluation des besoins.

«La grande question, confie le père François, c’est quelle reconstruction voulons-nous pour le Grand Sud ?», dans un contexte où l’État s’est déresponsabilisé au fil des années, concurrencé dans ses prérogatives par des ONG puissantes. Au moins, des leçons ont été tirées du séisme de 2010 : «Il faut être capable de donner de l’espoir aux gens pour le futur, et reconstruction sur le long terme».

Caritas Haïti a défini pour l’instant quatre priorités : reconstruire les Haïtiens, traumatisés par ces catastrophes, donner un toit aux familles du Grand Sud, assurer la scolarisation des enfants, aider les familles rurales à pouvoir subvenir à leurs propres besoins via des infrastructures agricoles. Un immense chantier.

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21 septembre 2021, 18:13