Le Prince Albert II, le cardinal Pietro Parolin et l’archevêque de Monaco, Mgr Dominique-Marie David, dimanche 18 juillet 2021. Le Prince Albert II, le cardinal Pietro Parolin et l’archevêque de Monaco, Mgr Dominique-Marie David, dimanche 18 juillet 2021.  

Mgr David: l'Église de Monaco doit aller au-delà des apparences

Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège, conclut lundi 19 juillet une visite de trois jours dans la Principauté située à la frontière franco-italienne. Un déplacement du premier plus petit État du monde au second pour honorer des relations diplomatiques établies en 1887 entre deux pays partageant certaines caractéristiques. Récemment nommé en 2020, l'archevêque de Monaco, Mgr Dominique-Marie David, évoque la vocation particulière des catholiques monégasques.

Delphine Allaire - Principauté de Monaco 

Entretien avec Mgr Dominique-Marie David, archevêque de Monaco

Que représente pour vous la visite du Secrétaire d’État du Saint-Siège, 40 ans après la signature de cette Convention entre le Vatican et Monaco?

Un événement unique, inédit, un signe fort qui vient illustrer des siècles de relations entre la Principauté et le Saint-Siège, tout particulièrement depuis que Monaco est un diocèse à la fin du XIXe siècle, - je ne suis que le quatrième archevêque de ce territoire- et pour le quarantième anniversaire de la Convention, qui renouvelait ces relations si importantes pour un État dont la religion catholique est la religion d’État.

Quelles sont les relations entretenues aujourd’hui avec le Saint-Siège et quels points de convergence unissent les deux États dans différents domaines?

Nos relations sont forcément marquées par la spécificité institutionnelle de notre État: l’article 9 de la Constitution stipule que la religion catholique est celle de l’État. Il ne s’agit pas simplement d’un article de la Constitution. Notre pays est marqué par son histoire, sa culture, et encore aujourd’hui, de nombreuses traditions indiquent cette «heureuse convergence» au niveau des convictions. 

 

Cela se traduit aussi dans nos grandes fêtes, qu’elles soient nationales ou religieuses, car elles sont souvent mêlées. Plus profondément, il s’agit d’actualiser cette réalité d’un État qui a voulu maintenir comme fondement de sa vie, de ses institutions, la foi catholique tout en préservant la liberté de conscience; l’on peut être résident ou monégasque sans être catholique. Il faut tenir cet équilibre, tout en encourageant à ce que cette réalité ne soit pas purement théorique ou anachronique, mais comme un élan de témoignage, une mission d’évangélisation dans «les mondes de Monaco». Les mondes, je précise, car après plus d’un an ici, je confirme que la réalité est plus vaste et complexe que les apparences.

Oui, il est donc possible d’avoir un système qui semble d’un autre âge, mais qui demeure en phase avec les défis du monde contemporain. Ce n’est toutefois pas exempt de difficultés, car nous sommes aussi perméables aux idéologies traversant le monde européen. La frontière n’est pas étanche aux limites de la Principauté, nous devrons donc rester vigilants aux législations, apporter notre pierre dans la construction fondée sur l’enseignement de l’Église.

Qu’apporte cette confessionnalité de l’État comme bénéfice selon vous pour l’Église mais aussi pour les institutions et la société monégasque?

Un état d’esprit enraciné dans l’identité du pays. Certains de nos voisins, comme les Français moins familiers de cette articulation, peuvent en être étonnés lorsqu’il la découvre. Elle est un signe d’enrichissement les uns les autres, dans un esprit de reconnaissance mutuelle. L’Église a en effet un rôle à jouer, non seulement ponctuel, mais quotidien: celui d'aller plus loin que l’apparent, le visible, particulièrement ici. Car nous avons contrairement à ce que l’on croit une mixité sociale insoupçonnée dans notre Église. Dans nos paroisses se côtoient des mondes qui normalement ne devraient pas se croiser. Le défi étant de soigner la vigilance intérieure, ne pas rester à la surface, aller toujours plus profondément au cœur de l’Évangile.

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19 juillet 2021, 10:00