Encensement de la statue de Marie lors du festival des jeunes à Medjugorje, en 2020. Encensement de la statue de Marie lors du festival des jeunes à Medjugorje, en 2020. 

Medjugorje, 40 ans après

C'est le 24 juin 1981 qu'a commencé l'histoire qui a conduit cette localité des Balkans à devenir la destination de millions de pèlerins. En mai, elle a été l'une des étapes du marathon de prière pour la fin de la pandémie.

Debora Donnini - Cité du Vatican

C'était un après-midi de début d'été et dans un endroit isolé, précisément sur la colline de Podbrdo, qui domine le village de Bijakovici - aujourd'hui en Bosnie-Herzégovine – que des jeunes gens ont commencé à voir une silhouette féminine lumineuse qu'ils ont identifiée à la Vierge Marie. Cette date du 24 juin 1981 allait marquer un tournant dans l’histoire de ce territoire pauvre, dans une terre alors dominée par le régime communiste et qui, 10 ans plus tard, allait sombrer dans une terrible guerre. Les six jeunes de l’époque parlent des apparitions de Marie qui se présenterait comme la "Reine de la Paix". Le message est essentiellement une invitation à la réconciliation et à la conversion.

Au fil du temps, ce lieu reculé des Balkans est devenu de plus en plus connu dans le monde entier, des millions de pèlerins s'y rendant chaque année, avec de longues files de personnes pour la confession et l'adoration eucharistique bondée. De nombreuses histoires de conversion sont liées à Medjugorje, et elles impliquent également des personnes célèbres, par exemple dans le monde du spectacle ou du sport. Ces quarante années ont été marquées par des interrogations, mais Medjugorje reste le lieu d’une histoire de foi qui a commencé pour certains, et a repris pour d'autres, avec des fruits qui se sont manifestés dans de réels changements de vie.

La commission d'enquête

Afin de clarifier la situation, Benoît XVI a souhaité en 2010 la création d'une commission d'enquête internationale au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi, composée de 17 cardinaux, évêques, théologiens et experts, sous la présidence du cardinal Camillo Ruini. Les travaux ont duré quatre ans, au terme desquels un rapport final, jamais officiellement publié, a été remis au Pape François.

Concernant Medjugorje, répondant à une question, sur le vol de retour de Fatima en mai 2017, le Pape François a rappelé que «les apparitions ou prétendues apparitions appartiennent à la sphère privée, elles ne font pas partie du Magistère public ordinaire de l'Église». Il a également rappelé le travail de la commission d'enquête, en distinguant trois aspects. «Au sujet des premières apparitions, lorsque [les "voyants"] étaient des jeunes, le rapport dit plus ou moins qu'il faut continuer à enquêter. En ce qui concerne les apparitions présumées actuelles, le rapport a des doutes», at-il reconnu, tout en soulignant un troisième aspect, le «noyau véritable et propre du rapport Ruini: le fait spirituel, le fait pastoral, les gens qui vont là-bas et se convertissent, les gens qui rencontrent Dieu, qui changent leur vie... Pour cela il n'y a pas de baguette magique, et ce fait spirituel et pastoral ne peut pas être nié.»

La prise en charge des pèlerins

Cette dimension de piété populaire, à laquelle le Pape accorde beaucoup d’attention, a donc justifié une prise en charge spécifique des pèlerins de Medjugorje. En 2018, François a nommé l'archevêque polonais Henryk Hoser comme "Visiteur apostolique à caractère spécial pour la paroisse de Medjugorje", une mission exclusivement pastorale, en continuité avec la précédente mission de Mgr Hoser, qui avait été nommé l’année précédente "Envoyé spécial du Saint-Siège pour la paroisse de Medjugorje". «La mission du Visiteur apostolique a pour but d'assurer un accompagnement stable et continu de la communauté paroissiale de Medjugorje et des fidèles qui s'y rendent en pèlerinage, dont les besoins nécessitent une attention particulière», avait-il été précisé dans une note de la Salle de Presse du Saint-Siège.

Puis, en 2019, le Pape François a décidé d'autoriser officiellement les pèlerinages à Medjugorje, qui peuvent désormais être organisés officiellement par les diocèses et les paroisses, et ne se déroulent plus seulement sous une forme "privéeˮ, comme c'était le cas auparavant.

Prière et rencontre

Depuis, plusieurs signaux de proximité ont été exprimés, notamment un message du Pape François adressé l'an dernier aux participants au Festival de la jeunesse, qui se tient à Medjugorje depuis 30 ans. Le Pape a exhorté les jeunes à «découvrir une autre manière de vivre, différente de celle qu'offre la culture du provisoire». Être avec le Seigneur, avait dit le Pape aux jeunes, c'est en effet donner un sens à la vie.

Un autre événement récent a concerné la paroisse dédiée à Saint Jacques, à Medjugorje: ce lieu a été choisi comme une étape du marathon de prière pour la fin de la pandémie, qui a impliqué 30 lieux mariaux dans le monde et a été diffusé par les médias du Vatican tout au long du mois de mai dernier. Le 15 mai fut donc le tour de ce lieu en Bosnie-Herzégovine, avec une intention spéciale pour les migrants.

Il convient de préciser que tant la nomination de Mgr Hoser que la décision sur les pèlerinages n'entrent pas dans les questions doctrinales concernant l'authenticité du récit des six voyants sur ce qui s'est passé depuis juin 1981, qui n'est pas encore conclu. Mais ce qui ressort, c'est que Medjugorje est devenu de plus en plus un lieu de rassemblement chrétien: un lieu de rencontre, un lieu où se vit la piété mariale et un lieu, pour beaucoup, au fil des ans, un lieu de retour au Seigneur.

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24 juin 2021, 16:21