Manifestants anti-gouvernement près de l'église saint-Antoine où l'un des sept religieux a été enlevé le 11 avril 2021, à Port-au-Prince. Manifestants anti-gouvernement près de l'église saint-Antoine où l'un des sept religieux a été enlevé le 11 avril 2021, à Port-au-Prince.  

Haïti: les évêques critiquent le référendum constitutionnel en pleine crise

Renoncer au projet de référendum constitutionnel, c’est que souhaitent les évêques d’Haïti. Prévu le 27 juin sur l’île, il risquerait d’engendrer encore des jours sombres, regrette l’épiscopat haïtien. Selon l’Église locale, la décision de remplacer une Constitution ne devrait pas avoir lieu en pleine crise politique.

La Conférence épiscopale d’Haïti a appelé à renoncer au projet de référendum pour éviter au pays de connaitre des jours sombres, dans un message rendu public, lundi 1er juin 2021. «Renoncer au projet du référendum serait donc la sage décision de l’heure. Évitez, nous vous en conjurons, que le pays connaisse encore des jours sombres et même pires que ceux que nous connaissons présentement», ont écrit les évêques.

Une conjoncture peu propice aux changements constitutionnels

«Si de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer des changements dans la Constitution ou une nouvelle constitution, il faut bien chercher la manière juste et consensuelle pour y arriver», soutiennent-ils. Tel n’est pas le cas pour le moment. La décision de remplacer une Constitution ne devrait pas être prise en pleine crise politique où l’on peine à trouver un consensus pour en sortir; s’entêter à le faire va enfoncer le pays dans une crise encore plus profonde, lit-on encore dans ce message. 

 

«La conjoncture sociale et politique actuelle, faite de division, de méfiance et de violence de toutes sortes, n’est pas du tout favorable à un projet d’une telle envergure, qui supposerait la mise en commun de toutes les forces vives de la Nation», ont poursuivi les évêques, invitant les responsables politiques «à éviter de faire peser sur le dos du peuple de lourds fardeaux qui auront pour conséquence de ralentir ou même bloquer sa marche vers son plein épanouissement».

L’épiscopat veut des élections libres et transparentes

«Ces cris sont provoqués par la souffrance endurée à cause des maux terrifiants comme la multiplication des gangs lourdement armés qui font la loi et imposent leurs diktats, la violence sous toutes ses formes, le kidnapping, l’insécurité qui empêche la libre circulation sur le territoire national, la criminalité, l’impunité, l’instabilité politique, la détérioration des structures de l’État, la cherté de la vie, la recrudescence de la Covid-19», ont ajouté les évêques, exhortant à relancer «sans tarder» la marche démocratique permettant au peuple de choisir ses dirigeants légitimes par «la voie électorale libre et transparente».

Ce référendum constitutionnel controversé est prévu pour le 27 juin, mais des impératifs sanitaires liés au Covid-19 pourraient empêcher sa tenue.  

Un projet politiquement controversé

La légitimité de Jovenel Moïse, qui gouverne par décrets et sans contre-pouvoir depuis janvier 2020, est par ailleurs largement contestée par une partie de l'opposition politique et de nombreuses organisations de la société civile. Un tel scrutin soulève des critiques jusque dans le camp présidentiel car la procédure ne semble pas respecter les dispositions de l'actuelle constitution.

Rédigé en 1987, après la chute de la dictature des Duvalier, le texte actuellement en vigueur déclare que «toute consultation populaire tenant à modifier la Constitution par voie de référendum est formellement interdite».

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02 juin 2021, 10:24