Une manifestation contre la junte militaire en Birmanie, le 7 avril 2021. Une manifestation contre la junte militaire en Birmanie, le 7 avril 2021.  

Les évêques du Bangladesh solidaires envers leurs voisins birmans

Les évêques bangladais se joignent aux appels de plus en plus pressants pour que cesse la brutale répression militaire en Birmanie. Dans une déclaration publiée mardi 6 avril par la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques du Bangladesh, les prélats expriment leur solidarité dans la prière avec le peuple birman et ses aspirations à la démocratie.

Vatican News - LZ

«Nous demandons à la junte militaire de Birmanie d'être raisonnable et de s'asseoir autour d'une table de dialogue pour trouver une solution politique à la crise, au lieu de tirer sur ses propres citoyens», peut-on lire dans la déclaration signée par Mgr Gervas Rozario, relevée par l'agence Ucanews qui exprime tout le soutien et la proximité de l'Église du Bangladesh avec le peuple birman. 

«Nous partageons nous aussi la douleur et la souffrance du peuple pacifique de Birmanie qui ne demande que le retour de la démocratie, rien de plus», écrivent également les évêques du Bangladesh. «Au nom de nos fidèles, nous nous agenouillons avec Sœur Ann Nu Thawng, qui, le 8 février, s'est agenouillée devant les militaires et les a suppliés d'arrêter de tirer sur des innocents. Nous aussi, nous souffrons lorsque le peuple de Birmanie souffre. Nous aussi, en tant que voisins de la Birmanie, nous ressentons dans nos cœurs la douleur de la privation et de l'oppression de son peuple. L'Église du Bangladesh ne peut manquer de subir la même oppression que l'Église de Birmanie», ajoute la déclaration. 

L'espoir des évêques bangladais est donc que la démocratie prévale et que le pays reste uni grâce au dialogue entre toutes les parties. En effet, le risque de guerre civile est de plus en plus fort, accentué par la nouvelle recrudescence des combats interethniques dans le pays.

Presque 600 personnes tuées 

Le bilan de la répression depuis le coup d'État du 1er février approche les 600 morts, dont 47 enfants. Les forces de sécurité ont également arrêté quelque 3 500 personnes, dont la majorité est toujours détenue. La liste détaillée des graves violations des droits de l'homme perpétrées par la junte militaire figure dans un rapport qui sera soumis à l'ONU pour qu'elle les dénonce publiquement et étudie les mesures à prendre pour les faire cesser.

Le dossier contient 180 000 cas avérés et comprend plus de 540 exécutions extrajudiciaires, 10 exécutions de prisonniers en détention, des cas de torture, de détention illégale, d'usage disproportionné de la force contre des manifestants pacifiques. Le rapport a été rédigé par le CRPH (Committee for Representing Pyidaungsu Hluttaw, Comité des représentants de la République de l'Union), le groupe de députés qui ont démissionné de la junte et qui sont à l'origine du mouvement de désobéissance civile de ces deux derniers mois et qui travaillent à la rédaction d'un projet provisoire de nouvelle Constitution et à la formation d'une armée fédérale réunissant les armées ethniques en un seul groupe contre le gouvernement militaire.

Entre-temps, le président indonésien Joko Widodo continue de faire pression pour que l'ASEAN (Association des pays de l'Asie du Sud-Est) tienne une réunion d'urgence sur la crise birmane. Cette initiative, à l'exception de la Malaisie, a reçu un accueil mitigé de la part des huit autres membres de l'association régionale, qui sont plus enclins à ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures d'un État membre comme la Birmanie. 

Le Pape François, qui avait visité la Birmanie et le Bangladesh en 2017, a également fait référence à la crise birmane dans son message Urbi et Orbi du dimanche de Pâques, dans lequel il s'est dit «proche des jeunes du monde entier et, en cette heure, en particulier de ceux qui, en Birmanie, luttent pour la démocratie, font entendre leur voix de manière pacifique, conscients que la haine ne peut être dissipée que par l'amour.»

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07 avril 2021, 15:48