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Méditation du troisième dimanche de Pâques : « Pâques est le lieu où s’accomplissent les Ecritures »

Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures du troisième dimanche de Pâques de l'année B.

Les textes lus en ce troisième dimanche de Pâques attirent notre attention sur deux aspects du temps liturgique que nous vivons. D’un côté, nous entendons proclamer la bouleversante nouveauté de Pâques. Pierre rappelle solennellement aux hommes d’Israël que Dieu a ressuscité des morts le Prince de la Vie, et Jean invite à l’espérance : « si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ le Juste ». D’un autre côté, il nous est rappelé que cette nouveauté s’inscrit dans l’histoire d’Israël : l’inouï de Pâques plonge donc ses racines dans l’Alliance que Dieu a scellée avec son peuple. Loin d’être un événement qui ferait irruption, avec la soudaineté d’un éclair, dans l’histoire de Dieu avec son peuple, Pâques est comme en germe dans les Ecritures. Pâques est le lieu où s’accomplissent les Ecritures.

“Loin d’être un événement qui ferait irruption, avec la soudaineté d’un éclair, dans l’histoire de Dieu avec son peuple, Pâques est comme en germe dans les Ecritures.”

Revenons sur ces deux aspects. La nouveauté radicale que nous vivons en ce temps pascal est celle de la résurrection, de la victoire de la vie sur la mort, de la découverte du chemin tracé par Jésus pour tous les êtres humains. Cette nouveauté est un événement, bien situé dans l’histoire. Dans l’extrait de l’évangile de Luc que nous entendons aujourd’hui, Jésus se rend présent aux disciples et, devant leurs doutes (car ceux-ci croient voir un esprit), il leur dit : « Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai », et puis : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? ». Ce passage met en scène l’étonnement des disciples, voire leur stupeur, devant la résurrection. Les disciples sont profondément troublés devant ce Jésus qu’ils ont bien connu mais qu’ils placent désormais dans l’univers de la mort car ils savent que ce Jésus qu’ils ont bien connu a été soumis au supplice de la croix. Comment ce même Jésus peut-il être devant leurs yeux ? De nombreux passages de l’Evangile insistent sur les difficultés des disciples à reconnaître que Jésus a passé la mort. Les disciples sont pris entre leur joie de croire et les souvenirs qu’ils gardent d’une effroyable désillusion. Il leur faut du temps pour accepter le Ressuscité.

“De nombreux passages de l’Evangile insistent sur les difficultés des disciples à reconnaître que Jésus a passé la mort.”

 En fait, ils ne pouvaient accepter le Ressuscité que si leurs yeux s’ouvraient à l’intelligence des Ecritures. Sans doute étaient-ils pétris d’une tradition qui leur faisait espérer un Messie couvert de gloire et d’honneur, apte à redonner à Israël sa place parmi les nations – c’est-à-dire une place prestigieuse de peuple témoin de l’Alliance scellée avec Moïse. L’arrestation de Jésus, son rejet par les autorités religieuses et politiques de son peuple, sa livraison au pouvoir occupant païen, sa condamnation à mort et son supplice sur la croix … tout cela ne correspondait en rien à l’image qu’ils se faisaient du Messie annoncé. Pourtant, les Ecritures avaient dû les mettre sur la piste du serviteur humble et souffrant, à l’image du Dieu patient et miséricordieux qui n’a jamais cessé de relever son peuple infidèle, de tirer son peuple hors des chemins de mort qu’il s’obstinait à emprunter. Par sa mort en croix et sa résurrection, Jésus accomplissait les Ecritures … on pourrait dire qu’il manifestait, en les parachevant, les enseignements que Dieu avait donnés au peuple de l’Alliance. Nous pouvons le dire aujourd’hui : Jésus porte à sa plénitude la tradition qui préparait le peuple de l’Alliance à l’incroyable nouveauté de la vie reçue de Dieu.

“Nous pouvons le dire aujourd’hui : Jésus porte à sa plénitude la tradition qui préparait le peuple de l’Alliance à l’incroyable nouveauté de la vie reçue de Dieu.”

En ce sens, Pâques est le lieu d’une profonde conversion : conversion à la manière de faire de Dieu, conversion à la forme de vie inaugurée par Jésus et que l’Eglise, corps du Christ, ne cesse d’apprendre au fil des siècles, malgré les cahots de son histoire. Aujourd’hui, demandons au Seigneur qu’il nous aide à entrer dans cette vie nouvelle dont l’Eglise - c’est-à-dire nous tous - sommes appelés à témoigner.

Méditation du troisième dimanche de Pâques avec le Père jésuite Antoine Kerhuel

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14 avril 2021, 12:00