En France, l'Assemblée nationale ouvre le débat sur l'euthanasie, jeudi 8 avril 2021.  En France, l'Assemblée nationale ouvre le débat sur l'euthanasie, jeudi 8 avril 2021.  

Euthanasie en France: des voix de l’Église dénoncent le projet de loi

Une proposition de loi visant à légaliser l’euthanasie est débattue jeudi 8 avril à l’Assemblée nationale en France. Portée par le député Olivier Falorni du Parti Radical de gauche, elle instituerait un droit à «une fin de vie libre et choisie». Les débats parlementaires s’annoncent houleux, et le texte suscite évidemment l’opposition de l’Église de France.

Adélaïde Patrignani, Delphine Allaire - Cité du Vatican

«Tuer une personne qui souffre n’est jamais une solution», s’est indigné Mgr Michel Aupetit sur la radio publique française, France Inter, réagissant lundi de Pâques à cette proposition créant un droit à l'euthanasie pour les personnes souffrant d'une maladie incurable.

L’archevêque de Paris a appelé au développement des soins palliatifs. «Il est quand même paradoxal qu’il y ait cette attaque sur la mort, sur la manière de donner la mort, au moment justement où la mort nous cerne de partout. On devrait au contraire se battre pour la vie!», a-t-il aussi estimé, en référence à la crise sanitaire actuelle où l’injonction «Sauvez des vies» est pourtant devenue une priorité affichée du gouvernement.  

Protéger les souffrants par des soins

Un avis partagé par Mgr Laurent Ulrich: «C’est de soins, de douceur et d’accompagnement que nos concitoyens ont besoin», écrit-il dans un message très fort publié mercredi 7 avril. «Protéger la personne qui souffre en l’accompagnant de soins, ce n’est pas équivalent à donner la mort», y insiste-t-il.

Qui plus est, relève l’archevêque de Lille, dans la proposition de loi discutée, «la mort provoquée serait déclarée parmi les cas de mort naturelle! Voilà bien où nous entraîne l’habitude politique de tordre le sens des mots.»

L’archevêque de Lille se méfie aussi de sondages donnant les Français favorables à 96% à ces évolutions. 

 

D’ailleurs au sein de la société, certains s’interrogent sur l'opportunité de légiférer en un jour sur un tel enjeu de société en pleine crise sanitaire? La réaction de Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita et fondateur de l’association “À bras ouverts”. Il se dit choqué tant sur le fond que la forme. 

Tugdual Derville, délégué général Alliance Vita

Des tensions parmi les élus

La proposition de loi instaurant une aide active à mourir suscite également des tensions parmi les élus. Une quarantaine de députés de La République en Marche s’y oppose, l’obstruction parlementaire de quelques Républicains a rendu impossible le vote du texte dans le temps imparti, à eux seuls ils ont déposé 2 300 amendements. Toutefois, la majeure partie de l’hémicycle continue d’appuyer la proposition de loi.

Pour rappel, le 1er article permettrait dans certains cas à «toute personne capable majeure» de demander une «assistance médicalisée» pour mourir, «par une aide active». Cela va plus loin que la «sédation profonde et continue» autorisée actuellement par la loi «Claeys-Leonetti», pourtant encore mal appliquée sur le territoire français: un cinquième des départements n’ayant toujours pas de centre de soins palliatifs.

La France emboîterait donc le pas à ses voisins: Pays-Bas, Belgique et Luxembourg ou encore l’Espagne, qui a dépénalisé l’euthanasie en mars dernier. Fin janvier 2021, le parlement portugais avait lui aussi adopté une loi sur l’euthanasie avant que la Cour constitutionnelle n’invalide le texte à la mi-mars. 



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08 avril 2021, 08:46