Mgr José H. Gomez, archevêque de Los Angeles Mgr José H. Gomez, archevêque de Los Angeles 

États-Unis: la liberté religieuse, droit fondamental, rappelle le président des évêques

Mgr José H. Gomez, archevêque de Los Angeles et président de la conférence épiscopale des États-Unis, est intervenu lors d’un événement virtuel organisé par la Conférence catholique du Minnesota (CCM), revenant tout particulièrement sur la vision portée par l’Église en termes de justice sociale et de bien commun, à l’aune de l’encyclique Fratelli tutti du Pape François.

«Dieu notre Père a créé chaque être humain avec sainteté et dignité, avec des droits et des devoirs égaux» a affirmé Mgr Gomez pour qui nous sommes tous appelés à «former une seule famille humaine, dans laquelle nous vivons en frères et sœurs». Par conséquent, «il est important que les catholiques, en tant que disciples du Christ, maintiennent leur identité chrétienne tandis qu'ils travaillent pour le bien commun de la société». «L'Église n'est pas un parti politique et nous ne sommes pas des militants», a-t-il poursuivi tout en précisant toutefois les catholiques partent toujours d'hypothèses spécifiques sur le but de la société, le sens de la vie et le bonheur de la personne humaine.

Marginalisation des croyants dans l'espace public

Malheureusement, a souligné Mgr Gomez, la politique et la culture d'aujourd'hui sont «agressivement laïques», à tel point que «la censure croissante des points de vue chrétiens sur Internet et dans les médias sociaux, ainsi que la marginalisation des croyants dans d'autres domaines du contexte public» sont préoccupantes. Ces tendances, a expliqué l’archevêque, équivalent à «un rejet des principes fondateurs de l'Amérique», selon lesquels «les engagements de la nation en faveur de l'égalité et de la liberté humaine ne peuvent être maintenus sans une solide base religieuse et morale». Lorsque «le sens de Dieu est perdu, a averti le président de l'USCCB, alors le véritable sens de la vie humaine et du bien commun est perdu», car «sans Dieu, la politique est réduite à une lutte de pouvoir entre des intérêts concurrents», et ce sont «toujours les pauvres et les vulnérables» qui en paient le prix.

Dans cette optique, Mgr Gomez a exhorté les catholiques à insister sur l'importance du droit fondamental à la liberté religieuse et sur la «contribution vitale» que l'Église doit apporter à la promotion de la justice sociale et à l’édification de la société américaine.

«Nous ne pouvons pas permettre que l'Église soit traitée simplement comme une organisation caritative ou un lieu de prière, cela exige du courage et de la conviction de notre part. Nous devons défendre nos droits et nous devons vivre notre foi dans la vie quotidienne avec joie et confiance», a-t-il insisté. Et encore une fois, le président de l'USCCB a exhorté les catholiques à «récupérer l'identité de disciples missionnaires», à proclamer le Christ et à promouvoir la vision de Dieu de la personne humaine, créée à son image et à sa ressemblance et donc dotée d'une dignité et de droits.

Une nouvelle religion sans Dieu

Aujourd'hui, au contraire, a constaté l’archevêque avec regret, «la politique est devenue une nouvelle religion», mais sans Dieu, «cruelle, intransigeante, dépourvue de miséricorde et d'espérance», car nier Dieu signifie «perdre la vérité de la transcendance humaine». Par conséquent, une «justice sociale strictement laïque, même si elle est bien intentionnée, ne peut créer les conditions nécessaires à un véritable développement humain». En effet, dans la vision catholique, «la véritable justice sociale consiste à construire une société dans laquelle les gens peuvent être bons, s'aimer et prendre soin les uns des autres» ; elle ne concerne pas «le pouvoir d'un groupe ou l'obtention de plus de biens matériels», mais elle doit s'accompagner «de la bonté humaine, de la compassion et du pardon».

Dans cette perspective, a rappelé l'archevêque de Los Angeles, «le but fondamental du gouvernement et de la politique doit être de protéger le caractère sacré et la dignité de la personne, de la conception à la mort naturelle». Et la tâche des catholiques doit être de «porter cette vision dans le discours public, d'éveiller en chacun la conscience de l'amour de Dieu», d'être des bâtisseurs de paix et de réconciliation. Il ne faut donc jamais «céder à la haine ou au mépris, ne jamais traiter les autres comme des ennemis», a souligné Mgr Gomez, «même si les autres nous traitent injustement ou nous insultent».

Le racisme est un péché

La Conférence catholique du Minnesota était initialement conçue comme une réunion physique. Mais il a été finalement décidé de la tenir en mode virtuel, en raison des tensions qui ont explosé à Minneapolis suite à la mort, le 12 avril, d'un jeune afro-américain, Daunte Wright. Son meurtre, qui s'est produit à la périphérie de la ville, a provoqué de vives protestations contre les forces de l'ordre. Un événement tragique sur lequel Mgr Gomez s'est également attardé : «nous prions pour la paix, pour la justice, pour les familles de toutes les personnes impliquées dans les dernières violences. Sachez que l'Église reste engagée (…) dans la lutte contre le racisme à travers les États-Unis». "Le racisme «est un péché grave, une maladie spirituelle et une injustice sociale. Nous devons nous unir comme une seule Église pour éradiquer ce mal de nos cœurs, des cœurs de nos voisins et des structures de notre société», a-t-il conclu.

Définie comme «la voix de l'Église catholique en matière de politique publique», la Conférence catholique du Minnesota soutient le ministère des évêques de l'État dans un certain nombre de domaines spécifiques : collaboration avec les dirigeants politiques pour élaborer une législation qui serve la dignité humaine et le bien commun ; éducation des catholiques à l'éthique et à la morale nécessaires à la politique publique ; et mobilisation de la communauté catholique pour faire entendre sa voix dans la société. La Conférence est composée d'évêques, de religieux et de quelques laïcs du Minnesota, représentant les six diocèses locaux : St Paul et Minneapolis, Crookston, Duluth, New Ulm, St Cloud et Winona.

Vatican News Service- IP

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16 avril 2021, 15:24