Le cardinal Béchara Boutros Rai au Palais présidentiel de Baabda au Liban, le 15 juillet 2020. Le cardinal Béchara Boutros Rai au Palais présidentiel de Baabda au Liban, le 15 juillet 2020.  

Le cardinal Raï demande une conférence de l’ONU pour le Liban

Une conférence internationale qui, sous l'égide des Nations unies, travaillera à la reconstruction du Liban sur une base institutionnelle, politique et diplomatique solide. C'est l'espérance partagée dimanche 7 février par le cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche d'Antioche des Maronites, dans son homélie dominicale.

Le pays du Cèdre connaît une situation critique depuis de nombreux mois sur plusieurs fronts: les forces politiques ne parviennent pas à se mettre d'accord pour former un nouveau gouvernement, vacant depuis l’été 2020; sur le plan économique, la monnaie a été dévaluée de 80 %, tandis que le blocage provoqué par la pandémie de Covid-19 a aggravé la situation sociale.

En plus de tout cela, de nombreuses manifestations de rue ont eu lieu contre l'impasse dans laquelle se trouve l'exécutif. Deux épisodes dramatiques ont également frappé le pays récemment: le 4 août 2020, une explosion dans le port de Beyrouth a fait près de 200 morts et 7 000 blessés, tandis qu'il y a trois jours, le 5 février, l'activiste Lokman Slim, un intellectuel très critique à l'égard du Hezbollah, a été tué.

Renforcer les fondements constitutionnels

Face à cet «effondrement», le cardinal Raï a donc appelé à une conférence internationale dans le but de «consolider le Liban dans ses fondements constitutionnels modernes», fondés «sur l'unité et le principe de neutralité». Dans son homélie prononcée dimanche à Bkerké, siège de l’Église maronite, le cardinal libanais a dit espérer qu'une telle réunion internationale pourrait notamment «remédier à l'absence d'une autorité constitutionnelle définie, de manière à débloquer la paralysie constante du pouvoir» et œuvrer pour le bien commun. 

 

«Dans le cadre d'un système démocratique qui prend en compte tous les Libanais et l'ensemble du Liban, nous proposons de préserver la coexistence entre chrétiens et musulmans», a aussi affirmé le Patriarche d'Antioche des maronites.

Une préoccupation constante du Saint-Père

Ce lundi, la crise libanaise figurait parmi les thèmes abordés par le Pape François dans son discours au corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège: «Je souhaite un engagement politique national et international renouvelé pour favoriser la stabilité du Liban, qui traverse une crise interne et risque de perdre son identité et de se retrouver encore plus impliqué dans les tensions régionales», a ainsi déclaré le Souverain pontife argentin, ajoutant qu’il est «plus nécessaire que jamais» pour le pays «de maintenir son identité unique, également pour assurer un Moyen-Orient pluriel, tolérant et diversifié, dans lequel la présence chrétienne peut offrir sa contribution et ne se réduit pas à une minorité à protéger».

En outre, «sans un processus urgent de redressement économique et de reconstruction, il y a un risque d'échec du pays, avec pour conséquence possible de dangereuses dérives fondamentalistes», a prévenu l’évêque de Rome, qui, très soucieux des développements politico-sociaux libanais, avait adressé à son peuple une lettre d’espérance le 24 décembre 2020. 

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08 février 2021, 12:52