La Chambre bleue de l'Assemblée législative salvadorienne, le 9 février 2021. La Chambre bleue de l'Assemblée législative salvadorienne, le 9 février 2021.  

Au Salvador, les évêques se mobilisent avant les législatives

Quelque 5,4 millions de Salvadoriens sont appelés à élire les 84 députés du Parlement unicaméral mais aussi les 262 maires du pays et leurs conseils municipaux, le 28 février prochain.

En vue du vote, la conférence épiscopale nationale a publié un long message intitulé «Nous sommes tous frères et sœurs», et ouvert par le verset de l'Évangile de Jean: «Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés» (13:34).

Les évêques y brossent tout d’abord un panorama socio-politique de ce pays le plus petit d’Amérique centrale, coincé entre le Honduras et le Guatemala.

Pandémie et pénuries

Ils soulignent «la cruelle expérience de la pandémie» qui a causé au Salvador plus de 56 000 contaminations et près de 2 000 morts -sur une population estimée à plus de 6 millions d’habitants; mais regrettent également le climat de tension et le «manque de dialogue» politico-social; «les graves atteintes à l'environnement, notre maison commune», dont l'emblème est «la pénurie d'eau» dans ce pays, ainsi que «la tragédie de la migration forcée» qui conduit les gens à se rassembler «dans de grandes caravanes» et à affronter «les abus, le danger, l'humiliation et, parfois, la mort» pour «chercher un avenir meilleur» ailleurs. 

 

Un drame de la migration aggravé par la pandémie et les ouragans Eta et Iota qui ont frappé la région ces derniers mois. Tout cela, écrivent les prélats, «ne doit pas nous laisser indifférents».

L’accès à l’eau, droit constitutionnel

Au Salvador, la population vit en effet «dans l'angoisse», estiment les évêques, en raison de «la pauvreté, du chômage, de l'insécurité, de la violence et de l'incertitude quant à l'avenir». Un tableau dramatique devant lequel l'Église réagit du mieux qu’elle peut, accompagnant les organisations de la société civile dans la demande d'une réforme constitutionnelle, afin que soit reconnu «le droit humain à l'eau et à la nourriture pour tous les Salvadoriens».

La réforme a été approuvée, mais les évêques observent qu'elle n'entrera en vigueur «que si elle est ratifiée par l'Assemblée législative qui résultera des élections du 28 février». C'est pourquoi ils rappellent instamment: «Sans eau, il n'y a pas de vie. On ne peut pas jouer avec la vie de notre peuple», notamment «parce que le cri de la terre est étroitement lié à celui des nécessiteux et que les deux doivent être entendus, au nom "de la paix et de la justice"».

Éducation et médias, fondamentaux

L’épiscopat salvadorien prône ensuite l’amorce d’«un processus éducatif basé sur des valeurs de réconciliation», car l'éducation, constitue «l'un des piliers les plus justes et les plus solidaires de la société». D'où l'appel à valoriser et à protéger la famille, «noyau fondamental de la société, dans lequel nous apprenons à vivre dans les relations et le respect mutuel».

Les médias sont également interpellés par la conférence épiscopale, dans la mesure où ils ont pour mission de «transmettre un système de valeurs fondé sur la reconnaissance de la dignité de toute personne et de toute communauté linguistique, ethnique et religieuse, ainsi que des droits fondamentaux qui en découlent».

Manque de dialogue électoral

Quant à la campagne électorale qui se déroule ces jours-ci, les évêques salvadoriens déplorent «le manque de dialogue et de respect de l'adversaire», ainsi qu’un climat d’intolérance. Lors de ce scrutin à venir le 28 février, où participent une dizaine de partis les partisans du chef de l’État, Nayib Bukele, partent favoris. Des missions d'observation internationale auront lieu dans le pays une semaine avant la tenue du vote. 

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11 février 2021, 11:31