Le cardinal birman Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, la capitale birmane, depuis 2003. Le cardinal birman Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, la capitale birmane, depuis 2003.  

Birmanie: le cardinal Bo appelle à rétablir la démocratie par le dialogue

«La paix est possible. La paix est la seule voie et la démocratie est la lumière de cette voie». C'est la position exprimée hier dans un message publié par le cardinal Charles M. Bo, archevêque de Rangoun et président de la conférence des évêques birmans, deux jours après le coup d'État militaire qui a renversé Aung San Suu Kyi lundi 1er février.

Le message du cardinal Bo s'adresse à tous: peuple birman, armée birmane, dirigeants de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) sortis victorieux des élections de novembre 2020, Aung San Suu Kyi elle-même ou encore au président de la République Win Myint (LND), mais aussi à la communauté internationale.

La paix est la seule voie possible

L’archevêque de Rangoun y lance un appel au calme et à ne pas céder à la tentation de la violence: «Nous avons versé suffisamment de sang. Il y a toujours des moyens non violents d'exprimer nos protestations. Même en ce moment difficile, je crois que la paix est la seule voie, que la paix est possible», assure le cardinal.

Sa lettre s'adresse en particulier aussi aux travailleurs de la santé qui ont rejoint une campagne de désobéissance civile et de boycott en signe de protestation; le cardinal les incite à continuer de servir dans les hôpitaux et ne pas abandonner le peuple birman, surtout en pleine crise sanitaire.

Libération immédiate des prisonniers du coup d’État

L'archevêque de Rangoun s'adresse ensuite à l'armée birmane en promettant plus de démocratie et des élections pluripartites dans un an, après une enquête sur des fraudes électorales présumées attribuées à la Ligue nationale pour la démocratie. Notant que le conflit aurait pu être résolu par un dialogue mené par des observateurs indépendants, le cardinal Bo demande à ce que «les paroles soient suivies d'actes», et surtout à ce qu'il n'y ait pas de violence contre le peuple birman. 


Quant aux personnes arrêtées après le coup d'État, l’archevêque exige leur libération immédiate: «Ce ne sont pas des prisonniers de guerre, mais des prisonniers d'un processus démocratique. Si vous promettez la démocratie, commencez par leur libération et le monde vous comprendra». Le cardinal exprime aussi sa solidarité avec l'ex-dirigeante de 75 ans, Aung San Suu Kyi, en priant pour qu'elle puisse bientôt retourner auprès de son peuple.

Éviter les sanctions économiques internationales

Enfin, le cardinal exhorte la communauté internationale à ne pas recourir à des sanctions, qui -dit-il- risquent «d'anéantir l'économie birmane, faisant basculer des millions de personnes dans la pauvreté». La seule façon de sortir de la crise -plaide-t-il- est d'engager les acteurs politiques dans la réconciliation. Le président des évêques birmans conclut donc par un appel renouvelé à résoudre tous les différends «par le dialogue».

Hier, le Conseil œcuménique des Eglises (COE) et la Conférence chrétienne d'Asie (CCA) exprimaient déjà pour leur part, dans une lettre pastorale commune, leur grande préoccupation concernant les récents développements dans le pays, et leur solidarité dans la prière aux Églises birmanes.

Les généraux verrouillent le pays

L'armée birmane a mis brutalement fin lundi 1er février à la fragile transition démocratique du pays, instaurant l'état d'urgence pour un an et arrêtant Aung San Suu Kyi ainsi que d'autres responsables de la Ligue nationale pour la démocratie.

Le chef de l'armée birmane, Min Aung Hlaing, qui concentre désormais l'essentiel des pouvoirs, a justifié son putsch en évoquant des fraudes massives lors des législatives de novembre remportées massivement par la LND. Les généraux ont bloqué l’accès du pays à Facebook, jeudi 4 février, pourtant moyen de communication important en Birmanie. 


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04 février 2021, 09:30