Le cardinal Oswald Gracias en novembre 2017 Le cardinal Oswald Gracias en novembre 2017 

Des cardinaux indiens renouvellent à Narendra Modi leur demande d’inviter le Pape

Trois cardinaux ont rencontré le Premier ministre indien Narendra Modi le 19 janvier. Parmi les thèmes abordés, l’action de l’Église au sein de la société indienne, la détention du père Swamy, les discriminations dont sont victimes les chrétiens, ainsi qu’une éventuelle invitation au Souverain Pontife pour qu’il visite le sous-continent.

Une rencontre a eu lieu mardi 19 janvier à New Delhi entre le Premier ministre indien Narendra Modi et les cardinaux Oswald Gracias, archevêque de Bombay, George Alencherry, archevêque majeur de l'Église syro-malabare et Baselios Cleemis, archevêque majeur de l'Église syro-malankare.

Comme le rapporte une déclaration de la Conférence épiscopale indienne (ECBC), au cours de cet entretien qui a duré moins d’une heure, les trois cardinaux ont parlé au Premier ministre du travail accompli par l'Église indienne dans les domaines éducatif, sanitaire et social et pour la lutte contre la pandémie, en assurant qu'elle poursuivra son engagement en faveur des plus pauvres et des plus vulnérables. Narendra Modi a pour sa part a exprimé sa reconnaissance pour cette contribution de l'Église.


Des requêtes sans réponse favorable

Les cardinaux ont également renouvelé leur demande au Premier ministre de soumettre une invitation officielle au Pape François pour une visite dans le pays. La demande avait déjà été faite en 2017, avant le voyage pastoral au Bangladesh et au Myanmar voisins en 2018, mais n'avait pas été suivie d'effet. Cette fois-ci, Narendra Modi s’est montré plus favorable.

En ce qui concerne la situation des minorités religieuses, les trois prélats ont souligné la nécessité d'une répartition plus équitable des fonds sociaux fédéraux. Les musulmans, qui représentent 14% de la population indienne, reçoivent actuellement 80 % de ces fonds en raison de leur plus grand nombre par rapport aux chrétiens, qui représentent 2,3 % des Indiens. Il a été demandé au gouvernement d’être plus généreux envers les chrétiens dans les États où ils sont plus nombreux, comme le Kerala et le Jharkhand. Narendra Modi s'est engagé à étudier la question. Il a également été question de la loi sur la réglementation des contributions étrangères (FCRA), une nouvelle législation qui réglemente le financement étranger des organismes et organisations indiens, pénalisant également les organismes catholiques. Sur ce point, le Premier ministre a justifié la mesure par la nécessité d'un contrôle accru de la gestion comptable des organismes opérant en Inde, qui n'est pas toujours transparente. 

Un autre sujet abordé lors des discussions a été la libération du père Stan Swamy, le prêtre jésuite âgé et militant pour les droits des indigènes arrêté en octobre par l'agence anti-terroriste pour sédition. Narendra Modi a déclaré qu'il était au courant de l'affaire mais qu'il ne voulait pas s'en mêler car elle avait été confiée à une agence indépendante.


Une Église indépendante du politique

Les protestations des agriculteurs contre la réforme agraire contestée ont également été évoquées, les trois cardinaux espérant qu'une solution juste puisse être trouvée au conflit.

Enfin, les hôtes du Premier ministre ont soulevé la question des droits des dalits, en particulier ceux des chrétiens appartenant à cette caste. À l'instar des musulmans, ceux-ci continuent de faire l'objet de discriminations dans l'accès aux prestations de l'État pour leur promotion sociale. Il a été demandé que les critères d'accès à ces avantages soient économiques et non pas religieux.

Lors de la conférence de presse qui s’est tenue à l’issu de ces discussions, le cardinal Gracias a dit avoir clairement indiqué à Modi que «l'Église ne fait pas de politique», qu’elle ne prend position pour aucun parti et que son seul objectif est la bonne gouvernance, le souci des pauvres, la croissance économique et le développement, la justice et le progrès pour le pays. Le cardinal Alencherry a quant à lui rappelé que l'Église est toujours en dialogue avec le gouvernement afin d’améliorer la condition des pauvres dans le sous-continent indien.

Vatican News Service - LZ 

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20 janvier 2021, 16:14