Hôpital Santa Maria della Pietà dans la province de Naples en Italie, géré par l'ordre religieux des Camilliens. Hôpital Santa Maria della Pietà dans la province de Naples en Italie, géré par l'ordre religieux des Camilliens.  

Être aumônier catholique en période de Covid-19, «une mission d’amour»

Depuis le printemps dernier, les aumôniers en milieu hospitalier sont un soutien important dans un climat de souffrances et d’incertitudes liée à la pandémie de Covid-19. Témoignage d’un aumônier catholique.

Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican

Au chevet des malades, aux premières heures de la pandémie de coronavirus en France, les aumôniers catholiques représentent une présence de soutien et de réconfort qui s’exprime à travers l’échange, la prière mais aussi le silence. Cet accompagnement est offert à chaque patient et à sa famille, en fonction des demandes exprimées.

Nathalie Setton, est aumônier catholique au sein de l’hôpital d’Argenteuil, dans le Val-d’Oise. Elle a vécu la première vague de la pandémie extrêmement éprouvante et continue aujourd’hui d’être aux côtés des malades, alors que le virus fait chaque jour de nouvelles victimes. 

 

Elle revient sur ses expériences d’accompagnement évoquant certaines rencontres «très intenses», et parfois particulièrement touchantes «qui nourrissent» sa foi et précise le sens de sa mission qu’elle décrit emplie de joie et d’amour.

Entretien avec Nathalie Setton, aumônier d'hôpital

C’est vraiment pouvoir répondre au Seigneur «me voici», c’est une grande mission de joie et d’amour. C’est répondre «j’étais malade et vous m’avez visité» (Mt 25,36). Dans la vie, lorsque l’on se rencontre, il y a parfois un jeu de séduction. Il y a tout ce temps d’échange de rôles que l’on joue parfois qui n’existe plus à l’hôpital, lorsque l’on est dans un lit, souffrant. La rencontre est tout de suite directe et très intense.

Vous êtes une présence d’Église au sein de l’hôpital, votre mission s’exerce auprès des malades mais également de leur famille. Comment s’incarne-t-elle en cette période de pandémie?  

Dieu nous aime, son amour est présence et l’aumônerie est là pour répondre à cette présence, pour mettre la parole en pratique. J’ai pu accompagner une personne qui n’avait pas vu son parent, en fin de vie, depuis plus d’un mois. J’ai alors été une présence d’écoute parce que cette personne avait en elle une colère, une interrogation, une souffrance en voyant son parent en train de mourir et rejoindre le Seigneur. Il y a aussi des rencontres très silencieuses. Je suis informée d’une demande de la part de la famille qui souhaite qu’un aumônier passe dans une chambre. Je n’en sais pas plus. J’arrive dans cette chambre et je découvre une personne inconsciente, je me mets aux côtés d’elle et je prie. C’est très émouvant parfois quand je prononce la prière du «Notre Père» et «Je vous salue Marie» de voir la personne qui n’était visiblement pas présente ni consciente remuer les lèvres. A ce moment-là, on sait que cette personne est en train de prier.

Quelle réponse donnée, quel réconfort apporté à des personnes confrontées à la souffrance ou à la mort?

Je ne crois pas qu’il y ait de réponse. On rejoint chaque personne là où elle en est de son histoire. J’essaie toujours de ramener les personnes à l’Évangile. J’explique souvent que lorsque l’on est perdu, il faut revenir à la source, qui est l’Évangile, et regarder Jésus. Il faut regarder la façon dont le Christ se comporte avec les personnes, quel message Il a voulu nous donner. C’est un message d’amour. Je tente de rassurer les personnes en leur disant que si elles ont déjà un peu gouté à cet amour ici-bas elles ne doivent pas avoir peur car le Seigneur nous promet quelque chose de plus grand encore. 

Comment faites-vous face à cette mission d’accompagnement parfois très éprouvante, où puisez-vous la force?

Je puise la force dans ma foi, dans la prière. Les personnes que j’accompagne me portent aussi énormément. Récemment, j’ai accompagné une personne assez jeune, originaire d’Afrique, qui avait un enfant de 12 ans et qui m’a particulièrement touchée. Elle était en grande souffrance physique et, malgré tout, elle parvenait à prier. Elle demandait d’ailleurs qu’on ne lui donne pas trop de morphine afin de pouvoir continuer à prier. Ce sont ces rencontres qui nourrissent ma foi et me portent.   

 

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23 décembre 2020, 09:37