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Giovanni Roig y Diggle. Giovanni Roig y Diggle. 

Espagne: béatification de Joan Roig i Diggle, «martyr du combat pour le Christ»

Tué en haine de la foi, in odium fidei, à seulement 19 ans pendant la guerre civile espagnole, Joan Roig i Diggle a été béatifié samedi 7 novembre 2020 à Barcelone. La célébration était présidée au nom du Pape François par le cardinal Juan José Omella y Omella, archevêque de Barcelone.

Roberta Barbi - Cité du Vatican

Ils sont environ deux mille martyrs de la guerre civile espagnole vénérés par l'Église catholique: des prêtres, des religieux, voire des évêques, et de nombreux laïcs, pères, mères ou jeunes, qui ont perdu la vie uniquement parce qu'ils aimaient le Christ pendant les années sombres qui ont affligé la péninsule ibérique entre 1936 et 1939, juste avant que la Seconde Guerre mondiale ne secoue le monde.

Parmi eux, Joan Roig i Diggle, originaire de Barcelone, qui affirmait «Maintenant, plus que jamais, nous devons lutter pour le Christ», alors que l’Espagne subissait une très forte vague anti-chrétienne.

Après l'angélus du dimanche 8 novembre, le Pape François a eu quelques mots pour Joan Roig i Diggle: «Il a été témoin de Jésus sur son lieu de travail et lui est resté fidèle jusqu'au don suprême de la vie. Son exemple a suscité chez tous, surtout chez les jeunes, le désir de vivre pleinement la vocation chrétienne. Un tonnerre d'applaudissements pour ce jeune homme courageux et béni!», a lancé le Pape.

Entre études et travail, ferme dans ses valeurs

Joan a été formé par les Frères des Ecoles Chrétiennes, puis a fréquenté le lycée des Pères Scolopi, où tout le monde se souvient de lui pour son sérieux, son respect et son dévouement à l'étude. Mais aussi pour une foi profonde et enracinée pour un jeune homme, comme en témoignent deux pères auxquels Joan était particulièrement attaché, et qui ont tous deux été assassinés pendant la guerre civile: le père Francisco et le père Ignasi. La famille de Joan ne jouissant pas d’une grande richesse économique a été contrainte de quitter Barcelone pour s'installer dans la ville voisine d'El Masnou et faire travailler leur fils d'abord dans un magasin de tissus, puis dans une usine. Joan ne s'en plaint jamais. Malgré la fatigue, il continue d'alterner études et travail car il cultive un rêve: obtenir un diplôme de droit et devenir avocat.

Chez les Jeunes Chrétiens de Catalogne

À El Masnou, Joan connaît la Fédération des jeunes chrétiens de Catalogne et y adhère avec enthousiasme. Ce sont les années où sa vie spirituelle devient plus intense et, en même temps, pour ses proches, la transparence de ses vertus et l'authenticité de sa foi deviennent plus claires. Il commença à participer quotidiennement à la messe, à méditer, à pratiquer la piété et à approfondir sa compréhension de la doctrine sociale de l'Église. En priant et en regardant le monde qui l'entoure, Joan devient plus conscient des problèmes qui affligent la société, mais aussi du rôle que le laïc peut jouer au sein de l'Église pour aider à les résoudre. Lorsque le siège de la Fédération est par exemple incendié par les miliciens, il n'hésite pas à être gardien de nuit à l'église après la confession et surtout à cacher l'Eucharistie à la maison pour l'apporter à tous ceux qui en ressentent le besoin. 

 

 

«Dieu est avec moi»

À l'été 1936, la persécution anticléricale est déjà réalité. Les miliciens républicains ont aussi tourné leurs menaces contre des personnes non consacrées, les laïcs, coupables uniquement de croire en Jésus et en son amour. La famille de Joan est très connue dans le village et on sait qu'elle mène sa vie en communion profonde avec l'Évangile. C'est pourquoi, dans la nuit du 11 au 12 septembre, ils font irruption dans leur maison, à la recherche du chef de famille. Il n'est pas là. Joan est dans une autre pièce et avant que les miliciens ne le remarquent, pour sauver les hosties consacrées de la profanation, il les consomme toutes. Alors qu'on l'embarque, il essaie de calmer sa mère en pleurs, en lui disant: "Dieu est avec moi". Les miliciens l'ont conduit dans la maison de son oncle, pensant que son père s'y cachait. Ne le trouvant, leur fureur devient aveugle et détruisent tous les objets et images religieux. Mais cela ne suffit pas à apaiser leur colère : s'ils ne peuvent pas tuer le chef d'une famille catholique, quelqu'un d'autre doit payer. Joan, alors qu'on l'emmène au cimetière de Santa Coloma de Gramenet, reste calme. Il chante et prie. Lorsqu'ils pointent des armes sur lui, il prononce des mots de pardon pour ses bourreaux. Au moment où ils tirent, il crie: «Vive le Christ Roi!». Personne dans sa famille n'est informé de ce qui lui est réellement arrivé. Son corps, enterré sur le site, n'est retrouvé que deux ans plus tard. 

Précurseur de «la révolution de la tendresse» du Pape François

Dans l'homélie prononcée samedi 7 novembre lors de la messe de béatification, le cardinal archevêque de Barcelone Juan José Omella y Omella a souligné que le nouveau bienheureux est pour tous, mais surtout pour les plus jeunes, «un témoin de l'amour pour le Christ et pour nos frères et sœurs». Selon ses propres termes, la description «d'un jeune homme normal qui avait les goûts et les intérêts de son âge», qui depuis l'enfance, «rêvait de devenir un jour prêtre, amoureux de l'Eucharistie et apôtre des travailleurs. Il voulait être avec eux, les connaître, les aimer et leur apporter la Bonne Nouvelle du Christ». Selon son directeur spirituel - rapporte le cardinal - le jeune bienheureux était «un 'révolutionnaire chrétien». Selon les mots du Pape François, nous pouvons dire que Joan avait accepté l'invitation du Christ à participer à la «révolution de la tendresse».

Une profonde amitié avec Jésus

Dans la nuit du 11 au 12 septembre 1936, lorsqu'il fut arrêté, l'archevêque Juan José Omella y Omella continua, Joan «répondit avec amour et pardon à la violence reçue. Un des témoignages de sa mort raconte que lorsqu'il a réalisé qu'il allait être tué, il a dit aux miliciens: "Que Dieu vous pardonne comme je vous pardonne".»

«Son témoignage peut éveiller en nous le désir de suivre le Christ avec joie et générosité. Joan a vécu une profonde amitié avec Jésus. Le Christ a été la source qui a nourri toutes ses paroles, toutes ses relations, tous ses projets. Que son témoignage nous aide toujours à garder le Christ dans nos cœurs et à faire de l'amour la racine et le fondement de nos vies», a conclu l’archevêque de Barcelone.

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07 novembre 2020, 19:09