Assise connaît son apogée à la période médiévale. Assise connaît son apogée à la période médiévale.  

Aux sources de la pensée économique franciscaine, l’héritage médiéval

La réflexion sur "L’Économie de François" est intellectuellement et spirituellement ancrée dans le berceau de saint François, à Assise. Toute la pensée économique du fondateur des Franciscains imprègne les échanges. Perspective historique avec le professeur Giacomo Todeschini, médiéviste, spécialiste de cette famille religieuse.

Entretien réalisé par Delphine Allaire – Cité du Vatican

800 ans plus tard, l’héritage du ''Poverello'' réactivé par le Pape François. C’est dans la très effervescente cité ombrienne du XIIIe siècle que saint François, adepte d’une pauvreté rigoureuse et évangélique plus encline à la circulation des biens qu’à l’accumulation, a posé les jalons d’une certaine vision de l’économie orientée vers le bien commun. Avec ''L’Économie de François'', le Pape espère revenir à ce mode d’appréhender les échanges économiques. Une économie à visage humain, attentive aux pauvres et à la nature, non axée exclusivement sur le gain de richesses matérielles.  

Une richesse utile au bien commun

«Dans la pensée de saint François, l’on observe un refus très évident de l’argent, mais en même temps une validation de l’usage des biens; une sorte d’opposition entre usage des biens et usage de l’argent. Il n’y a pas de refus absolu de la richesse, si elle est utile au bien commun», relève Giacomo Todeschini, professeur émérite à l’université de Trieste,  auteur de Richesse franciscaine, de la pauvreté volontaire à la société de marché (Verdier, 2009). 

 

Cette conception franciscaine du travail et de l’argent apparaît fondée sur une nette séparation entre usage et appropriation, et met l’accent sur «l’investissement et la circulation rapides des biens économiques». Deux aspects dont l’économie contemporaine a hérité, affirme le médiéviste italien, précisant que «la finalité du bien commun» a aujourd’hui été délaissée, au profit d’une certaine idée de l’accumulation individuelle. Le Pape François veut donc replacer le bien commun, comme notion chrétienne, au centre de la nouvelle économie qu’il appelle de ses vœux.

Renouer avec la scolastique

«Notre âge contemporain aurait besoin de revenir aux textes économiques issus de la scolastique médiévale. Tous ces auteurs n’était pas seulement des prêcheurs de morale économique, ils ont écrit des textes très précis sur les contrats, les échanges, les prix, les règles du marché», soutient l’historien de l’économie médiévale, citant l’exemple de l’un des héritiers de François d’Assise, frère Bernardin de Sienne (1380-1444): «Invité par les villes italiennes à réformer leurs statuts, il était non seulement modèle de vertu chrétienne, maître de la pensée chrétienne, mais aussi apte à enseigner un style de vie économique et politique utile».

Dans cette riche influence franciscaine médiévale -dont il s’agit de redécouvrir les textes pointus -, s’inscrit la volonté du Pape François de donner vie à une économie plus éthique et respectueuse de la personne humaine.    

Entretien avec le professeur Giacomo Todeschini

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20 novembre 2020, 15:50